Deux odes festives à Dublin autour de l’an 1700

par

The Hibernian Muse. Henry Purcell (1659-1695) : Great Parent, hail! Z327. Lilliburlero, A new Irish tune. Johann Sigismund Cousser (1660-1727) : The Universal Applause of Mount Parnassus. Sín síos suas liom [traditionnel]. Maria Keohane, Aisling Kenny, soprano. Sinéad O’Kelly, mezzo-soprano. Sarah Thursfield, contralto. Anthony Gregory, high tenor. Christopher Bowen, ténor. Aaron O’Hare, Eoghan Desmond, basse. Ensemble vocal Sestina. Peter Whelan, Irish Baroque Orchestra. Livret en anglais (avec paroles des chants). Octobre 2021. TT 69’47. Linn 685

Après des albums Welcome Home, Mr Dubourg et The Trial of Tenducci pour le même label Linn, l’Irish Baroque Orchestra poursuit au disque sa défense du patrimoine irlandais, avec ce CD intitulé The Hibernian Muse. « Hibernia », c’est ainsi que les Latins désignaient l’île. Au programme, deux œuvres lyriques associées à des festivités dans la capitale autour de l’an 1700. Début janvier 1694, la ville célébrait le centième anniversaire du Trinity College de Dublin, fondé par la reine Elizabeth. Pour l’occasion, on chanta l’ode Great Parent, hail! sur des vers du poète Nahum Tate (1652-1715), que les mélomanes connaissent aussi comme librettiste de Dido and Aeneas. Occupé à Londres, le compositeur n’assista pas à l’événement.

Depuis le Volume 5 des Complete Odes And Welcome Songs gravé voilà une trentaine d’années par Robert King chez Hyperion, on ne peut pas dire que Great Parent, hail! soit l’ode la plus enregistrée du catalogue purcellien. On apprécie donc la présente proposition, d’un style dans son jus, spontané et d’une verve toute théâtrale.

Purcell était disparu depuis une décennie mais sa gloire lui survivait quand Johann Sigismund Cousser, Allemand d’origine hongroise, gagna Dublin en 1707 pour s’y installer, déjà presque quinquagénaire. Deux ans après, il fut choisi pour écrire une ode en l’honneur de l’anniversaire de la Reine Anne, et cette invitation fut reconduite jusqu’à la mort de Cousser, qui produisit ainsi une petite vingtaine de telles sérénades. Trois survécurent, dont celle de 1711 que nous découvrons ici, en premier enregistrement mondial : The Universal Applause of Mount Parnassus. Apollon est en compagnie des neuf muses (Calliope, Polymnia, Melpomene, Clio, Euterpe, Urania, Thalia, Terpsichore, Erato), des rôles que la partition confie à des sopranos, nous dit le livret, alors que le casting inclut ici mezzo et contralto.

Quoi qu’il en soit, l’interprétation brille là encore par sa vitalité sans apprêt, et un évident plaisir de partager cette œuvre rare, alternant arias, récitatifs, et chœurs confiés au vaillant ensemble Sestina. Dès l’Ouverture, les sonorités nasales et abrasives de l’orchestre signent une sonorité idiomatique (et non moins virtuose : le basson d’Hugo Arteaga), au diapason de l’accent et du timbre un brin pincé de l’équipe vocale. Confié au luth de Pablo FitzGerald, Lilliburlero apporte même en guise d’intermède une touche de folklore, confirmée par un air traditionnel, Sín síos suas liom, qui conclut le parcours par la contribution a cappella d’Aisling Kenny. Un apport dépaysant et enthousiasmant à la discographie baroque de l’île aux trèfles.

Son : 8,5 – Livret : 8 – Répertoire : 8-9,5 – Interprétation : 9,5 

Christophe Steyne

 



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