Dolce duello

par
Bartoli

Antonio CALDARA
(1671 - 1736)
« Fortuna e speranza » (tiré de Nitocri) - « Tanto e con si gran pena » (tiré de Gianguir, Imperatore del Mogol)
Tomaso ALBINONI
(1671 - 1750/51)
« Aure, andate e baciate » (tiré de Il nascimento dell’aurora)
Domenico GABRIELLI
(1659 - 1690)
« Aure voi, de’ miei sospiri » (tiré de San Sigismondo, rè di Borgogna)
Antonio VIVALDI
(1678 - 1741)
« Di verde ulivo » (tiré de Tito Manlio)
Georg Friedrich HAENDEL
(1685 - 1759)
« What passion cannot Music raise and quell » (tiré de Ode for St Cecilia’s Day) - « Son qual stanco pellegrino » (tiré de Arianna in Creta)
Nicola Antonio PORPORA
(1686 - 1768)
« Giusto amor, tu che m’accendi » (tiré de Gli orti esperidi)
Luigi BOCCHERINI
(1743 - 1805)
Concerto pour violoncelle n° 10 en ré majeur, G. 483
Cecilia Bartoli (mezzo-soprano), Sol Gabetta (violoncelle), Cappella Gabetta, Andrés Gabetta (violon et direction)
2017-DDD-76’48- Textes de présentation en anglais, français et allemand- DECCA 483 2473

On sait que Cecilia Bartoli ne fait pas les choses à moitié, et dans ce projet où elle a eu l’excellente idée d’embarquer la merveilleuse Sol Gabetta, le mélomane est saisi d’une légère incrédulité en découvrant que sur les 64 pages que compte l’épais livret qui accompagne cet album, 10 doubles pages sont consacrées aux vedettes de l’enregistrement qui, vêtues d’élégantes robes et les cheveux agrémentés de noeuds taille XXL ou de fleurs géantes sur fond céruléen ou rose bonbon, semblent s’amuser follement (je recommande en particulier les pages 34 et 35 où la chanteuse noue avec enthousiasme le corset de la robe de la violoncelliste). Mais on sait tout autant que Cecilia Bartoli est une musicienne sérieuse et curieuse, ne se contentant pas de ressasser inlassablement le répertoire standard, mais n’hésitant pas à s’entourer de musicologues prêts à fouiller dans les bibliothèques pour en arriver à d’intéressantes trouvailles, comme c’est le cas ici de Giovanni Andrea Sechi, auteur en plus d’une des deux très intéressantes notices de cet enregistrement qui nous offre d’ailleurs trois premières discographiques (les deux airs de Caldara et celui de Porpora). L’autre notice, signée Alexandra Coghlan, met bien en évidence l’objet même de cet enregistrement, à savoir offrir des oeuvres où à la mode baroque -le répertoire enregistré couvre un siècle de musique, de 1682 à 1782- la voix rivalise avec un instrument, en l’occurrence le violoncelle.
Et là, rien à redire. On retrouve deux artistes au sommet de leurs moyens: la virtuosité de Bartoli est comme toujours stupéfiante (dans les airs de Vivaldi ou Caldara, elle aligne les vocalises comme à la parade et aucune cascade de notes ne lui fait peur), mais elle est également -et il convient de le souligner- capable des plus tendres cantilènes, comme dans l’air italien de Händel, plein de poésie. Elle a en Sol Gabetta une partenaire parfaite, peut-être moins exubérante que la chanteuse, mais pleine d’imagination et de goût, et qui tire de magnifiques sonorités, douces et chaudes, de son Guadagnini. Et plus que des duels, ce sont de merveilleux dialogues que nous offrent les musiciennes, où -contrairement à ce qu’auraient pu faire les photos du livret- rien n’est superficiel ni doucereux. La violoncelliste argentine a l’occasion de se mettre pleinement en valeur dans le Concerto de Boccherini qui clôt ce disque en beauté, et l’on admire une fois encore sa virtuosité aisée, son intelligence et sa sensibilité, d’autant plus qu’elle bénéficie d’un bel accompagnement de la Cappella Gabetta, dirigée par son frère Andrés, et qui n’est pas pour rien dans la réussite de cet enregistrement.
Patrice Lieberman

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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