Elias de Mendelssohn sous la direction magistrale de Wolfgang Sawallisch
Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847) : Elias, Op.70 MWV A 25. Dietrich Fischer-Dieskau, baryton ; Margaret Price et Marianne Seibel, sopranos ; Cornelia Wulkopf, contralto ; Peter Schreier et Heiner Hopfner, ténors ; Kurt Moll et Waldemar Wild, basses. Solistes du Tölzer Knabenchor ; Chor des Städtischen Musikvereins Zu Düsseldorf E.V. Bayerisches Staatsorchester, Wolfgang Sawallisch. 1984. Livret en anglais et allemand. Texte chanté en anglais et allemand. 2 CD Bayerische Staatsoper Recordings. BSOREC0003.
Cette parution est un hommage au Centenaire de la naissance du grand chef d’orchestre Wolfgang Sawallisch dont le mandat à la tête de l’opéra d’Etat bavarois, entre 1971 et 1992, fut un immense succès artistique avec près de 1200 représentations dont 32 cycles intégraux du Ring wagnérien et un cycle intégral Strauss (à l’exception de Salome), immortalisé par les micros de Warner et Orfeo.
Dès lors, quel plus bel hommage lui rendre que d’éditer cette bande de concert de 1984 dans l’une de ses œuvres fétiches dont il a marqué la discographie.
Ce concert fut donné le 4 juillet 1984 sur la scène de l’opéra de Munich à l’occasion de l'ouverture du festival annuel d’opéra qui marquait également l’ouverture de la 88e Convention catholique allemande. Dès le départ, la commercialisation de cet enregistrement fut prévue mais des errances de la maison de disque firent capoter le projet. En 2002, la bande fut retrouvée dans les archives de l’opéra bavarois mais il fallut attendre le lancement d’un label auto-produit pour permettre la diffusion de cette captation.
Quel régal musical ! En maître de cérémonie, Wolfgang Sawallisch galvanise ses troupes. Derrière son apparence de kapellmeister rigoureux, qui le fit surnommer « Lo Speziale » ou « le Pharmacien » par les musiciens de l’Orchestre de la Scala, le musicien parvient à hisser cette partition vers les sommets. En effet, Elias n’est pas si facile à réussir car il faut aller de l’avant tout en unifiant les masses chorales et les airs. Sous des baguettes besogneuses, la partition peut être un long tunnel. Pas d’ennui ici avec une direction curvise et qui sculpte la grandeur de l’ensemble : puissance dans les passages choraux et finesse dans l’accompagnement des airs. La distribution est de très grand luxe avec rien moins que Dietrich Fischer-Dieskau, Margaret Price, Peter Schreier ou Kurt Moll. Le Chor des Städtischen Musikvereins Zu Düsseldorf, fondé en 1818, et qui avait chanté sous la direction de Mendelssohn, est formidable d’engagement, narrateur de cet oratorio religieux avec une homogénéité et une projection impressionnantes.
Certes, Wolfgang Sawallisch a enregistré Elias en studio, avec le Gewandhaus de Leipzig pour le label Philips et il existe chez Profil une autre bande avec les forces chorales et orchestrales de la Radio Bavaroise, mais cette nouvelle gravure présente l’énergie du concert avec le plus haut niveau musical. Cette parution rend également hommage à un immense chef, trop sous-estimé de son vivant et trop oublié désormais.
Son : 8 – Livret : 10 – Répertoire : 10 – Interprétation : 10
Pierre-Jean Tribot