Erik Satie, en inspirations Jazz

par

Le pianiste Hervé Sellin , en compagnie de ses camarades Christelle Raquillet (flûte), Cyril Drapé (contrebasse), Rémi Fox (saxophones) et Romain Lay (vibraphone) rend hommage à Satie. Ce parcours personnel à travers une sélection de dix des partitions du Maître d'Arcueil, est une superbe célébration dans le cadre de cette année anniversaire Satie. 

Après Debussy, Fauré et Ravel, vos nouvelles Jazz Impressions se concentrent sur Satie ? Pourquoi ce choix ? 

Bien sûr, il y a l'opportunité de commémorer le centenaire de la disparition de Satie.
Mais, surtout, pour moi, de "boucler la boucle" dans le cadre de mes hommages à la musique française du début du XXème siècle. Le Jazz lui aussi, est né au début du XXème. Après Fauré, Debussy et Ravel, Satie était incontournable. Fauré, le "passeur"; Debussy et Ravel, "les monstres sacrés": Satie, "l'autre voie (l'autre voix...)", sorte d'antithèse.

Vous avez étudié avec Aldo Ciccolini, qui reste l'un des grands interprètes historiques de Satie. Qu’avez vous retenu de l’approche de grand pianiste ?  En particulier dans les œuvres de Satie ?


La profondeur, la poésie et le respect qu'Aldo mettra dans ses interprétations de la musique de Satie, l’aura rendu  aussi incontournable et profond  que les grands compositeurs précédents, les Chopin, Schumann, Liszt, Debussy... Ciccolini a légitimé l'œuvre de Satie qui n'était pas toujours pris au sérieux.Aldo disait "...si Satie, n'existait pas, il aurait fallu peut-être l'inventer."


Vous avez sélectionné dix partitions de Satie avec des inévitables tubes ? Comment avez-vous réalisé ce choix ?

Oui, bien sûr, les incontournables Gymnopédies, mais... à ma manière ! Pour le reste, des coups de cœur, et beaucoup de musique vocale (j'aime ce qui chante!).
Aucun plan préétabli. Puisque je déconstruis et reconstruis les œuvres je ne me mets aucune limite.

J’ai l’impression que les musiciens classiques se désintéressent de Satie. En cette année anniversaire, il y a peu de parutions de nouveautés discographiques (sans parler des commémorations officielles inexistantes). Par contre, votre album est le second que j’entends avec des musiciens français de jazz. Satie parle-t-il plus aux musiciens de Jazz ?

Oui, Satie, représente une "autre voie" dans la musique classique du début XXème après celle tracée par les impressionnistes. Il fallait se démarquer de la sorte pour exister. Mais s'est lui-même posé la question ? Je ne pense pas. Sa musique est trop intuitive et singulière. La musique de Satie parle aux musiciens de Jazz car il y est question d'espace, de modalité, de figuralisme et de minimalisme.
C'est un peu ce que représenterait le Jazz Cool après le Be-bop. Une nécessité ... Toujours "thèse/anti-thèse".


On a souvent parlé de l’inventivité de Satie en matière de concept musical et d'idées modernistes. Mais s'accommode très bien de tant de genres musicaux. Qu’est-ce qui selon vous fait cet universalisme de ce compositeur ? 

La nécessité de cette autre voie et de cette simplicité naïve (dans l'apparence seulement).

A écouter :

Erik Satie. Jazz Impression. Hervé Sellin (piano) ; Christelle Raquillet (flûte) ;  Cyril Drapé (contrebasse) ; Rémi Fox (saxophones) et Romain Lay (vibraphone). Indésens Calliope Records. IC075 

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

Crédits photographiques : J - B Millot

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