Flamboyante interprétation de l’oratorio de la Résurrection de CPE Bach

par

Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) : Die Auferstehung und Himmelfahrt Jesu, Wq 240. Lore Binon, soprano. Kieran Carrel, ténor. Andreas Wolf, baryton. Bart Van Reyn, Vlaams Radiokoor, Il Gardellino Baroque Orchestra. Juin 2021. Livret en anglais, français, allemand ; paroles en allemand et traduction en anglais. TT 69’03. Passacaille PAS 1115

À la mort de Telemann, Carl Philipp Emanuel Bach lui succéda à Hambourg comme directeur de la musique de la ville, et prit ses fonctions à Pâques de l’an 1768. Pour l’office du Vendredi Saint, il écrira une vingtaine de Passions sur les quatre Évangiles. Et composa aussi pour le même temps liturgique des cantates et oratorios, destinés au concert, dont cette Résurrection et Ascension de Jésus commencée en 1774. Elle se structure logiquement en deux parties amorcées par une introduction orchestrale, elle commente les situations, souligne les affects du texte, sans incarner aucun personnage biblique. Plus qu’une narration : un appel aux consciences, à la subjectivité, dans un contexte des Lumières et du Rationalisme. Un décor que Philippe Herreweghe épaulé par un Christoph Prégardien d’anthologie (Virgin, février 1991) raffinait jusque la préciosité, alors qu’Hermann Max (Capriccio, avril 1986) avait pourtant montré la voie par son approche adéquatement suggestive, attentive à l’osmose entre mot et musique.

C’est ce sens du drame que l’interprétation de Bart Van Reyn vivifie et pousse dans ses retranchements, éconduisant le fade piétisme et rendant à cet oratorio une flamme débarrassée de tout excès maniériste. Superbe alliance de plénitude et de contraste. La venteuse âpreté du Judäa zittert! par Andreas Wolf, le glorieux entrain du Ich folge dir, verklärter Held par Kieran Carrel, la suavité du Wie bang hat dich mein Lied beweint par Lore Binon, l’enchanteur duo Vater deiner schwachen Kinder signent l’engagement des solistes, impeccables de style et de technique.

La ferveur du chœur flamand dans le Tod! Wo ist dein Stachel?, dans les élans de triomphe du second volet ; la fine nervure, les riches couleurs (le savoureux basson dans Willkommen, Heiland !), le zèle crépitant (les cuivres endiablés dans Ihr Tore Gottes) de l’ensemble Il Gardellino, tout cela animé par un chef flamboyant : ce renversant ensemble de qualités désigne ce nouvel enregistrement, paré d’une superbe captation, comme le nouvel étalon discographique. Une torche vive incendie le chemin des cieux. Embrasé par notre équipe, propulsé au firmament, le chœur final Gott fähret auf mit Jauchzen réveillerait les morts. Ça tombe bien !

Son : 10 – Livret : 8,5 – Répertoire : 9,5 – Interprétation : 10

Christophe Steyne

 

 

 

 

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