For Cathy, A Capella Album, A tribute to Cathy Berberian, avec Sarah Defrise

par

Luciano Berio’s Sequenza III (1925-2003), Henri Pousseur’s Phonèmes pour Cathy (1929-2009), John Cage’s Aria for mezzo-soprano and Fontana Mix (1912-1992), Sylvano Bussotti’s ' « O », fragment from Passion selon Sade (1931-2021), Cathy Berberian’s Stripsody (1925-1983), Sarah Defrise’s Entretien, piece for Cathy’s voice and electronics Soloist : Sarah Defrise. Recorded in Flagey, Studio 1 (Brussels), 8 to 10 April 2021. Recorded and mixed by Vincent De Bast, SonarStudios, Editing by Vincent De Bast & Sarah Defrise- Livret en anglais. Textes chantés en anglais et français. Executive producer : Sub Rosa Production - SR 525

La soprano Sarah Defrise, bien connue du public belge pour l’excellence de son chant et de son jeu d’actrice, a choisi de rendre hommage à travers son nouvel album à la cantatrice américaine Cathy Berberian. Figure iconique du siècle dernier, cette mezzo-soprano a marqué la sphère lyrique et musicale par la versatilité de son art, qualité que partage Sarah Defrise pour qui le répertoire ne semble pas avoir de frontière. Applaudie aussi bien à l’opéra qu’en tant que mélodiste, Sarah Defrise déclame avec panache depuis quelques années déjà son amour pour la musique contemporaine, et l’interprète brillamment sur les scènes nationales et internationales. En témoigne cet opus enregistré pour le label Subrosa, où l’on peut entendre la voix de l’artiste, et rien que sa voix. Dans cet album a capella où l’intelligence artistique rivalise avec la virtuosité, l’on virevolte avec des compositions de Luciano Berio, John Cage, Sylvano Bussoti, Henri Pousseur, ainsi que de Cathy Berberian et Sarah Defrise elles-mêmes. En effet, la soprano belge reprend en apothéose du programme la célèbre partition Stripsody, écrite et interprétée en son temps par la mezzo-soprano américaine, une suite d’onomatopées et de bruitages qui explorent des recoins et des zones vocales avec une théâtralité si décapante que le jeu se voit parfaitement rien qu’à l’entendre. Sarah Defrise signe également une composition originale, mêlant la voix de Cathy Berberian, l’électronique et enfin sa propre voix qui tantôt suit celle de l’artiste américaine, tantôt s’échappe par fragments, comme une véritable mise en abîme de la démarche proposée ici. 

Le concert de sortie de ce disque inédit a eu lieu au studio 1 de Flagey en octobre dernier devant une salle comble et conquise. Car entre Sarah Defrise et le public, il y a bel et bien ce que Cathy Berberian évoque dans les entretiens recensés dans les archives de l’INA, à savoir une volonté d’œuvrer en marge de la tradition dans le choix des programmes, ou encore de préconiser le côté « relaxant », favorisant dès lors l’accessibilité d’un répertoire a priori éloigné des attentes premières de l’auditeur. C’est alors que l’inattendu surgit, faisant mouche, à l’instar de la performance de cette jeune artiste complète qui impose son jeu avec une expressivité aussi spontanée que recherchée. Pour ce concert, Sarah Defrise était accompagnée par le pianiste Stéphane Ginsburgh et, à deux, ils ont honoré la proposition de récital « à la Berberian » en intercalant entre les pièces a capella quelques pages du répertoire traditionnel pour chant et piano (Debussy, Ravel, Villa-Lobos, Gerswhin) et quelques autres splendides extraits pour piano solo composés par Luciano Berio, et dont Stéphane Ginsburgh a souligné l’atmosphère avec une grande subtilité, pour le plus grand plaisir du public. Ensemble, ces deux amoureux de la création et de l’expérimentation ne pouvaient donc que rendre l’hommage encore plus authentique.

 

Son : 10 - Livret : 10 - Répertoire : 10 - Interprétation : 10 

Clara Inglese

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