Franck Masquelier et Marc Grauwels, Mozart en duos pour flûte

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Le flûtiste Franck Masquelier et son confrère Marc Grauwels font paraître un album de duos de Mozart intitulé Il Mio Tesoro (Indesens Calliope Records). Ils proposent des arrangements pour deux flûtes d’airs d’opéras de Mozart, un répertoire plaisant et finement musical à partir de grands chefs d'œuvres connus de tous. A cette occasion, Crescendo Magazine s’entretient avec les deux artistes. 

Qu’est ce qui vous a motivé à envisager cet album centré sur des arrangements pour deux  flûtes d’airs d’opéras de Mozart  ? 

Dès l’apparition de la littérature soliste pour le traverso, soit au tout début du XVIIIe siècle, en France, le duo pour 2 flûtes avait rencontré un grand succès et il a immédiatement engendré en même temps un authentique répertoire de sonates et de suites originales, et une somme considérable d’adaptations en tous genres d’airs populaires. Le genre s'est développé à vive allure pour connaître, au tournant des années 1780, une vogue extraordinaire à travers toute l’Europe. Le jeu en duo devient alors une évidence. Aujourd’hui, il existe une quantité d'œuvres originales ou d’arrangements pour cette formation. Nous avons donc naturellement choisi les airs des opéras de Mozart comme thématique de cet album, dans lesquels, y compris dans cette formation en duo, on peut entendre le génie de ce compositeur. Finalement, ils ont été assez peu enregistrés malgré leur côté très divertissant à jouer et à écouter.

Ces arrangements sont-ils de Mozart lui-même ? Quelles sont leurs qualités ? 

Mozart aurait lui-même réalisé quelques-uns de ces arrangements lorsque l’on consulte l’édition originale de ces duos. Mais on sait aujourd’hui qu’il n’en est rien, cette mention n’ayant qu’un pur objectif commercial. Le monde de l’édition à cette époque ne s’embarrassait guère de scrupules. Les airs d’opéras sont donc arrangés à l'époque de Mozart ou juste après, mais les arrangeurs ne sont pas connus. Le seul arrangeur connu de cet album est Wilhelm Barge, virtuose allemand de la deuxième moitié du XIX° siècle, qui a arrangé pour deux flûtes le duo K.V156, qui est à l'origine une sonate pour violon et piano.

Comment avez-vous choisi les morceaux programmés sur cet album car il ne reprennent que des airs tirés de 3 des célèbres opéras de Mozart ? Est-ce qu’il y aurait matière à un autre album avec des airs tirés de Cosi fan Tutte, Clemenza di Tito….? 

Il existe donc actuellement quatre recueils des opéras de Mozart qui sont édités pour cette formation dans des arrangements d'époque : La Flûte enchantée, Les Noces de Figaro, Don Giovanni et l’Enlèvement au sérail. Il nous a semblé intéressant de proposer une sélection de ces airs : d’une part, ceux qui sonnent le mieux dans cette formation, et d’autre part, ceux qui sont les plus connus du public. Depuis l’édition de ces quatre recueils, il existe d’autres arrangements des autres opéras de Mozart. Mais serait-t-il intéressant de les enregistrer ? La question se pose.

L'album se clôture par deux duos en sol majeur K. 156 Op.75. Pouvez-vous nous présenter un peu ces œuvres ? 

Ce duo est un arrangement du virtuose allemand Wilhelm Barge (1836 - 1925), soliste à l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig, qui a choisi six morceaux de Mozart et les a arrangés pour duo de flûtes.

Celui que nous avons choisi est à l’origine la Sonate pour violon et piano K. 380, dont W. Barge a choisi les deux mouvements rapides particulièrement adaptés à la brillance et la virtuosité de notre instrument.

A notre époque, nous sommes très attachés aux urtexts et l'arrangement, très en vogue au XVIIIe et XIXe siècle, est un peu passé de mode, voire un peu décrié pour son manque de “rigueur” par rapport à la source d’origine. Qu’est-ce qui, selon vous, fait encore l'intérêt des arrangements comme ceux  que vous avez enregistrés pour cet album ? 

A partir de la deuxième moitié du vingtième siècle et l’apparition, notamment, des orchestres baroques qui rejouent sur instruments anciens, la tendance a été de revenir aux sources originales des œuvres. Cependant, depuis le début des années 2000, un “contre-mouvement“ s’est particulièrement développé avec des formations originales et des arrangements “cross-over” et même un mélange des esthétiques musicales. Ces duos de Mozart pour deux flûtes apparaissent donc aujourd’hui comme une version et une proposition musicale finalement assez classique.

Sur la pochette de couverture, vous croisez la flûte comme des épées. Le duo pour deux flûtes est-il une sorte de duel musical ? 
On peut penser effectivement que ce dialogue musical pourrait se terminer en duel. Mais lorsque l’on écoute ces airs magnifiques que sont “L’ho perduta, me meschina” des Noces de Figaro ou “Ach, ich fühl's, es ist verschwunden” de Die Zauberflöte, il transparaît que ces deux instruments sont finalement dans une “osmose apaisante“.

A écouter :

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Il Mio Tesoro. Airs extraits des opéras : La Flûte enchantée, Les Noces de Figaro et Don Giovanni ;  Duo en Sol Majeur K. 156 Op.75 n°1 Allegro Moderato et Rondo : Allegretto Sipritoso. Franck Masquelier et Marc Grauwels, flûtes. Indésens et Calliope Records

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

Crédits photographiques : DR

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