Hommages romantiques

par

Benjamin GROSVENOR (piano)
Oeuvres de Bach (révision Busoni), Mendelssohn, Franck, Chopin et Liszt
2016-DDD-75'-Textes de présentation en anglais, français et allemand-Decca 483 0255

A en juger par sa discographie, quatre disques pour Decca déjà à 24 ans à peine, Benjamin Grosvenor aime l'éclectisme, le refus des programmes stéréotypés, les intégrales: à chaque fois, trois compositeurs au moins sont représentés. Cette fois, le pianiste anglais se laisse voyager au gré de ses coups de coeur, sans autre lien entre eux qu'un hommage rendu à des musiciens qui lui sont chers. Programme plutôt sévère d'ailleurs: la chaconne de Bach-Busoni en entrée, si l'on ose dire, les mal aimés préludes et fugues de Mendelssohn, dont il retient les 1er et 5ème, et le Prélude, choral et fugue de Franck en plat de résistance. La suite du programme conserve la même gravité, ou tout au moins la même intériorité, avec la Barcarolle de Chopin et Venezia e Napoli, extrait des Années de pèlerinage de Liszt. Le Bach-Busoni impressionne: comme le voulait le compositeur italien, le piano est touché en pensant à l'orgue et la transcription sonne comme une amplification à l'extrême des quatre cordes du violon pour lequel la pièce était destinée à l'origine, en finale de la 2ème partita BWV 1004. Dans Mendelssohn, Grosvenor n'essaie à aucun moment d'édulcorer le propos; on pense souvent à Backhaus ou au dernier Brendel, bien que ni l'un ni l'autre n'aient enregistré ces oeuvres. Mais on perçoit toujours, en filigrane, une très grande délicatesse de sentiments qui affleure à chaque page, à tel point que l'on se sent parfois transporté dans l'univers, à l'atmosphère très différente, des Romances sans paroles. Le jeune artiste n'oublie jamais le caractère éminemment romantique de ces partitions, en particulier dans le triptyque de Franck dont le prélude n'a peut-être jamais été aussi intimiste qu'ici. Sans doute aurions-nous aimé, en revanche, un Chopin un peu plus rêveur et un peu moins vitaminé mais l'éclairage du pianiste reste très intéressant car il souligne avec justesse la proximité de cette page avec le caractère impromptu de maintes mazurkas. On passera par contre plus vite sur Liszt: la virtuosité pure nous semble l'emporter sur le reste et l'écoute en devient lassante. Sans Chopin et Liszt, ce disque aurait sans doute mérité son Joker. En l'état, il reste un fort beau disque, plein de distinction et d'intelligence.
Bernard Postiau

Son: 9 Livret: 8 Répertoire: 10 Interprétation: 9

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