James Macmillan : un engagement social et spirituel

par

James Macmillan (° 1959)
From Ayrshire – Tuireadh – Kiss on wood - …as others see us…
Netherlands Radio Chamber Philharmonic, James Macmillan, direction - Linus Roth, violon - Julius Berger, violoncelle - Lars Wouters van den Oudeweijer, clarinette
2014-DDD-60’56-Textes de présentation en anglais-Challenge Classi-CC72638

Après deux volumes consacrés aux musiques chorales et instrumentales, le compositeur James Macmillan nous revient cette fois dans ses œuvres pour orchestre de chambre et solistes. Sous la direction du compositeur, quatre pièces de style et d’atmosphère différents sont ainsi proposées : From Ayrshire, écrit en 2005 repose sur des sensations de nostalgie, de suggestion, de réflexion dans un monde surprenant où se juxtaposent effets sonores et rythmiques. A noter que l’écriture de Macmillan reflète à la fois, et de manière exceptionnelle, son engagement social et spirituel. C’est le cas avec Tuireadh (1991), longue page sous la forme d’un requiem pour les victimes du désastre de 1988 dans l’Alpha Piper North. Messe instrumentale sur des mots gaéliques, les tempi sont lents, dans une atmosphère sombre et pourtant angoissés par quelques passages rythmiques plus nerveux accompagnés de dissonances fortes. D’abord écrit pour clarinette et quintette à cordes, c’est la version pour clarinette et orchestre à cordes que l’on entend ici, conférant un caractère plus tragique à cette longue lamentation. Kiss on wood, basé sur le chant « Ecce lignum crucis in quo salus mundi pepedit: Venite adoremus » est écrit pour violoncelle et cordes. Musique mouvante, ingénieuse où le compositeur développe un travail sur les possibilités infinies de l’instrumentariul. Sans support écrit, l’auditeur est également surpris par un échange conséquent entre les instruments, tel un dialogue qui ne s’arrête jamais. … as others see us… est une partition pour orchestre de chambre sous l’optique de sept portraits du National Portrait Gallery de Londres : Henry VIII, John Wilmot, John Churchill, Lord Byron, William Wordsworth, T.S. Eliot et Dorothy Hodgkin, tous anglais. De la brutalité du règne d’Henry VIII à l’héroïque Lord Byron, chaque portrait réunit un certain nombre de caractéristiques innovantes et surprenantes. On retrouve notamment quelques références au jazz, aux compositeurs du passé, le tout dans une construction large et souple. Quelques séquences nerveuses font face à d'autres, plus méditatives. A la baguette, James Macmillan dirige le Netherlands Radio Chamber Philharmonic avec assurance et efficacité. S’apprécient le rapport au temps et au silence offrant à l’auditeur une curiosité ininterrompue. Notons également le rapport entre les solistes et l’orchestre qui se veut avant tout rassembleur. Personne ne semble vouloir dominer. Les solistes apportent une couleur supplémentaire dont la finesse de jeu accentue la qualité de l’enregistrement. Chaque pupitre se démontre par une volonté de compréhension sans faille et une technique de jeu irréprochable pour un répertoire difficilement accessible. James Macmillan est un compositeur méconnu chez nous, qui mérite pourtant une plus grande attention.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 10

Les commentaires sont clos.