La clarinette magique de Jean-Luc Votano

par

Magnus Lindberg (1958) : Concerto pour clarinette ; Karl Amadeus Hartmann (1905-1963) : Kammerkonzert pour clarinette, quatuor à cordes et orchestre à cordes (a) ; Johan Farjot (1975) : Fantasme - Cercles de Mana (c). Jean-Luc Votano (clarinette), Quatuor Danel (a), Arnaud Thorette (alto), Antoine Pierlot (violoncelle).Orchestre Philharmonique Royal de Liège/ Christian Arming (direction).2019-DDD-65’33-Textes de présentation en anglais, français et allemand- Fuga Libera FUG752

S’il fallait une preuve de l’excellence de certains des musiciens qui opèrent au sein de nos grandes formations symphoniques, ce disque en serait la preuve éclatante. Dans un programme aussi superbement exécuté qu’intelligemment choisi, Jean-Luc Votano, clarinettiste solo de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, montre qu’il est de ceux avec qui il faut compter sur un scène internationale où les brillants adeptes de l’instrument ne manquent pas. 

Et quelle bonne idée d’ouvrir cette nouvelle parution (marquée autant par la qualité de l’interprétation que celle de la prise  de son) par le Concerto pour clarinette de Magnus Lindberg qui, depuis sa création par le virtuose finlandais Kari Kriikku en 2002, s’est rapidement imposé comme le premier concerto pour clarinette du 21e siècle à s’inscrire fermement au répertoire. Parfaitement accompagné par Christian Arming et ses collègues de l’OPRL, Votano y est passionnant d’un bout à l’autre. Sa sonorité superbe dans tous les registres de l’instrument, sa virtuosité sans peur et sans reproche, la cadence de sa composition qui le voit volubile comme un merle tout comme la superbe apothéose finale le montrent sous son meilleur jour dans cette oeuvre qu’on réentend toujours avec plaisir.

Auteur de huit symphonies remarquables et d’un beau Concerto funèbre pour violon, Hartmann reste l’un des grands méconnus du 20e siècle. Composé en entre 1930 et 1935, le Kammerkonzert -dédié à Kodály de qui il semble beaucoup s’inspirer- nous montre le compositeur munichois sous un jour rhapsodique et folklorisant au fort parfum de danses populaires magyares tout à fait inattendu sous sa plume et qui se termine par une poignante Fantaisie où le soliste fait preuve d’un belle simplicité. Votano adopte ici une sonorité plus chaude que dans le concerto de Lindberg et, bien soutenu par le Quatuor Danel et l’orchestre, nous offre une interprétation pleine de fraîcheur et brillamment enlevée de cette oeuvre qui mériterait d’être entendue plus souvent

Le disque se termine par Fantasme -Cercles de Mana du compositeur Johan Farjot que je ne connaissais jusqu’ici que comme pianiste. Il s’agit en fait d’un triple concerto pour clarinette, alto, violoncelle et orchestre qui nous vaut de très belles prestations du clarinettiste (primus inter pares) mais aussi de l’altiste Arnaud Thorette et du violoncelliste Antoine Pierlot. La partition frappe par son irrépressible vitalité et le beau sens du récit du compositeur, capable d’instaurer tour à tour des atmosphères mystérieuses d’un néo-debussysme clairement revendiqué dans le livret et de belles envolées lyriques sur fond d’ostinato qui font nettement penser à Respighi.

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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