La leçon d’orchestre de Mariss Jansons

Rodion Shchedrin (né en 1932) : Carmen-Suite ; Ottorino Respighi (1879-1936) : Pini di Roma. Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Mariss Jansons. 2017 et 2019-Livret en allemand et anglais-66’09-1 CD BR Klassik 900183.

Annoncé avant le décès inopiné du grand chef, cet album bavarois est une leçon de direction et une leçon d’orchestre ! L’Histoire de la Carmen-Suite d’après Bizet de Rodion Shchedrin, composée à la demande de l’illustre ballerine Maya Plisetskaya, est bien connue. Cette oeuvre sympathique reste une curiosité par son orchestration pour orchestre à cordes et percussions, le compositeur russe souhaitant s’éloigner autant que possible de la version originale. D’une durée de trois-quarts d’heure, cette oeuvre est, sous la baguette de Mariss Jansons, une leçon de direction. Le chef stylise et chorégraphie les épisodes au pupitre d’un orchestre magistral dans la beauté de ses timbres et la puissance d’ensemble. La prise de son (pourtant en concert) renforce ce sentiment d’un incomparable luxe instrumental. Certes, la discographie comporte de belles versions (Pletnev chez DGG), mais cette interprétation coiffe tout le monde et témoigne du savoir-faire incroyable de ce grand chef. 

Alors directeur musical du Philharmonique d’Oslo, Mariss Jansons avait gravé la trilogie romaine de Respighi pour EMI. Les seuls Pins de Rome sont proposés ici en complément. Comme dans l’oeuvre de Shchedrin, la plastique de l’orchestre est d’anthologie. La puissance brute et la précision des pupitres dans les “Pins de la via Appia” sont magistraux. Seul Antonio Pappano et son orchestre romain (Warner) peuvent actuellement hisser cette oeuvre à ce niveau technique. 

Un disque indispensable à tout amateur de direction d’orchestre et de prise de son de démonstration…

Son : 10 Livret : 10 Répertoire : 10 Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot