Beethoven par Ádám Fischer, l’intégrale inattendue 

par

Ludwig van Beethoven (1770-1827) : intégrale des symphonies. Sara Swietlicki, soprano ; Morten Grove Frandsen, contre-ténor ; Ilker Arcayürek, ténor ; Lars Moller, baryton. Danish National Concert Choir. Danish Chamber Orchestra, Ádám Fischer. 2016-2020. Notice en danois, anglais et allemand. 5 CD Naxos 8.505251. 

Il va sans dire que personne n’attendait cette nouvelle intégrale des Symphonies de Beethoven par Ádám Fischer et son orchestre de chambre danois pour Naxos. Pourtant, ce beau coffret, du moins selon les critères graphiques traditionnellement low-cost du label Naxos, éveille déjà la curiosité par son bel aspect. Loin des lectures grasses et épaisses d’Andris Nelsons ou de l’élégance racée et classieuse de Philippe Jordan, Ádám Fischer réussit une somme exceptionnelle qui se hisse presque au niveau des gravures de Nikolaus Harnoncourt (Teldec) et Paavo Jarvi (RCA), c’est dire le niveau de la performance artistique du chef hongrois et ses forces danoises ! 

Bien moins médiatisé que d’autres chefs dans le moove, Ádám Fischer connaît comme personne ces oeuvres qu’il fréquente depuis ses débuts et dont il parcourt l’arbre généalogique avec une rare assiduité : ses intégrales des symphonies de Haydn et de Mozart sont d’incontournables références. Le Beethoven d’Ádám Fischer repose sur une pulsation nerveuse et un travail attentif sur les dynamiques. Ce Beethoven, nourri de Mozart et Haydn, regarde fièrement vers l’avenir par son souffle dramatique et sa narration épique. Le petit effectif instrumental et la nervosité de la direction imposent cette vision conquérante qui ne connaît pas de points faibles et qui s’avère passionnante des premières mesures de la Symphonie n°1 aux derniers accords de la Symphonie n°9. La concentration et l’homogénéité de la phalange danoise sont en accords parfaits avec la vision du chef ! L’impact est saisissant et cette lecture nous fait ainsi découvrir de nouvelles pistes par rapport aux textes musicaux ! C’est tellement rare dans des oeuvres rabâchées au concert et au disque !    

Ce coffret est une belle histoire. En effet, l’Orchestre de chambre danois, anciennement rattaché à la radio danoise et connu sous le nom de DR Chamber Orchestra avait été sacrifié sur l’autel budgétaire. Sorti du giron public, il est une structure privée financée par des Fondations locales. Quant au chef, il travaille ces oeuvres depuis ses débuts en fignolant son approche. Quel beau modèle de travail sur le temps long, loin du marketing douteux et de la prétention de sans cesse vouloir tout réinventer ! 

Son : 10  Livret : 10 Répertoire : 10 Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

 

  

 

  

3 commentaires

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