La poétique de l’art des troubadours

par

Chants des troubadours
ENSEMBLE CELADON
Clara COUTOULY (soprano), Paulin BUNDGEN (counter-tenor), Nolwenn LE GUERN (fiddle & rebab), Florent MARIE (lute), Gwénael BIHAN(recorders & gemshorn), Ludwin BERNATENE (percussion), Paulin BUNDGEN (artistic direction)
2014 – DDD – 68’29 – livret en anglais, en français, en allemand – Ricercar

Dans cet enregistrement, l’ensemble Céladon se tourne vers les chants des troubadours de l’époque médiévale. Poètes musiciens, en même temps que braves chevaliers ou simples boulangers, les troubadours des 12ème, 13ème, 14ème siècles s’exprimaient en langue du pays d’oc, la langue parlée du sud de la Loire jusqu’à l’Espagne. Cet immense patrimoine mi-poétique et mi-musical fut transcrit assez tardivement par rapport à l’âge d’or des troubadours, principalement au 14ème et même au 15ème siècle. Dominé par la thématique de la Fin Amor, ou l’amour courtois, les notations des manuscrits de ce répertoire médiéval continuent à faire l’objet d’études musicologiques très poussées. En effet, les sources des manuscrits sont des témoignages exceptionnels de cet art courtois chevaleresque, même si l’imprécision règne sur bien des points, tels l’usage des instruments dans certains chants ou bien celui de la ligne mélodique pour d’autres.
C’est à travers cette fenêtre, aidé par des chercheurs, que l’ensemble Céladon a tenté de pénétrer au cœur de cette poétique de l’amour courtois, en osant prendre de nombreuses libertés comme l’accompagnement des vers chantés par exemple, mais sans jamais heurter la thématique ou le caractère des poèmes. C’est avec recherche, expérimentation, réflexion et sensibilité que les musiciens offrent au public un magnifique versant de ce qu’a pu être l’art des troubadours d’autrefois, simple et élégant, noble et imagé, aussi bien dans les joies que dans les peines de la relation amoureuse. Le travail musical de l’ensemble Céladon fait preuve d’un grand sens de l’équilibre, fondé sur les pratiques rythmiques et mélodiques du Moyen-Age (modes rythmiques, échelles modales), tout en laissant mouvoir diverses initiatives subtilement réfléchies, venant insuffler ce vent de liberté et de naturel propres à toute exécution artistique. De plus, la qualité de l’enregistrement permet à l’auditeur d’apprécier tous les aspects d’une splendide acoustique. On apprécie également les traductions de la poésie occitane en langues française et anglaise, livrant ainsi au public une traduction de la musicalité intrinsèque à la prose des troubadours.
Marie-Sophie Mosnier

Son 10 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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