Le choeur mis à l’honneur

par

George Friederic HAENDEL
(1685-1789)
Messiah (Sinfonia + Choruses)
Kammerchor Stuttgart - Barockorchester Stuttgart - Dir.: Frieder Bernius
2009/2015 - DDD - textes de présentation en allemand et anglais - Carus 83.475

« Je devrais être désolé si je me contentais de les divertir alors que je voudrais les rendre meilleurs. » C’est ce qu’aurait répondu Haendel lorsqu’un certain Lord Kinnoull le complimenta pour le « noble divertissement récemment donné à la ville » de Londres. Deux cent septante-cinq ans après sa création, malheur à la grande salle nord-américaine ou anglaise qui n’affiche pas Messiah au programme des concerts de fin d’année !
Indéniablement, l’oeuvre s’impose comme élément phare dans la tradition chorale. Alors que les choeurs occupent une place moindre au sein des autres oratorios de Haendel, on peut dire que c’est sur les épaules du choeur que repose l’ampleur du Messie. Même si un disque de l’oeuvre complète semble être le meilleur investissement à faire, l’idée d’une édition ne reprenant que les choeurs a tout son sens.
Depuis sa fondation en 1968, le Choeur de Chambre de Stuttgart élève la musique chorale a cappella du XIXe et XXe à un niveau réputé d’excellence. L’Orchestre Baroque de Stuttgart fut fondé en 1985 pour nourrir l’intérêt grandissant de Frieder Bernius pour l’interprétation authentique de la musique des XVIIe et XVIIIe, faisant de l’ensemble un acteur important dans le monde baroque et choral en Europe.
Ce nouveau disque rassemble tous les choeurs extraits du Messiah complet paru en 2009 (Carus 83.219). Au premier abord, on s’attendrait à découvrir un nouvel enregistrement. Même si on ne lit pas les petits caractères sur la pochette, un malheureux détail trahit l’illusion: une coupure au début de la piste But Thanks Be to God où résonne brièvement la fin de l’aria qui précédait. Mais ne soyons pas cruels ; même le meilleur ingénieur du son n’aurait rien pu y faire, et c’est une tache microscopique sur un tableau qui frôle la perfection.
Frieder Bernius, tel un vigneron qui sélectionne ses cépages, a l’art de brasser un son incroyablement homogène avec une trentaine de chanteurs seulement. Les vocalises rapides de chants comme And He Shall Purify et His Yoke Is Easy n’ont que rarement été exécutées avec autant de précision et de ‘facilité’, sans jamais sonner forcées ou pressées. Et quel changement rafraîchissant que d’entendre le Hallelujah libéré de son habituelle lourdeur pompeuse!
Hormis une infime touche allemande dans la couleur de quelques voyelles, la prononciation du texte est irréprochable. Dommage que la prise de son n’ait pas été davantage au service de l’intelligibilité du texte. Si les consonnes sont parfois un peu noyées dans la texture globale, ce n’est certainement pas la faute du choeur. On remarque qu’un important travail a été fait sur le phrasé pour faire honneur à un texte évocateur.
Les aficionados de musique chorale ne seront certainement pas déçus en s’offrant ces 50 minutes de pur plaisir. Quoiqu’en dise Mr. Haendel depuis sa tombe, nous voilà pourtant bien divertis.
Aline Giaux, Reporter de l’IMEP

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