Le violon de Proust

par
Proust

César FRANCK
(1822 - 1890)
Sonate pour violon et piano en la majeur
Reynaldo HAHN
(1874 - 1947)
Sonate pour violon et piano en ut majeur
Camille SAINT-SAËNS
(1835-1921)
Sonate pour violon et piano n° 1 en ré mineur op. 75
Gabriel TCHALIK (violon), Dania TCHALIK (piano)
DDD–2017–73’ 44’’–Textes de présentation en français et anglais–Évidence EVCDO36

Marcel Proust et la musique, c’est un sujet inépuisable et déjà abordé à d’innombrables reprises. Il tourne souvent autour de la question de savoir si le personnage de Swann d’À la recherche du temps perdu aime réellement la musique ou s’il aime les heureux souvenirs que la musique lui apporte et lui rappelle. Impossible de trancher. Impossible de dire aussi, avec certitude, à quoi correspond au juste la fameuse « petite phrase » musicale de Vinteuil. Mais dans une dédicace au romancier Jacques de Lacretelle qui lui posait la question, Marcel Proust a donné quelques éléments de réponse, jugeant « médiocre » la Sonate pour violon et piano n° 1 en ré mineur de Camille Saint-Saëns et affirmant apprécier énormément, en revanche, la Sonate pour violon et piano en la majeur de César Franck, qu’il avait entendu jouer par George Enesco. Tout indique que cette « petite phrase » ne pourrait pas être tirée de la Sonate pour violon et piano en ut majeur de Reynaldo Hahn, car l’œuvre a été composée en 1927, soit cinq ans après la mort de Marcel Proust. Encore qu’il en ait peut-être eu connaissance de son vivant puisque les deux hommes ont été amants, de 1894 à 1896.
Le présent CD offre à entendre ces trois partitions par Gabriel et Dania Tchalik. Les deux interprètes franco-russes les exécutent avec énormément de délicatesse et de subtilité et montrent notamment que la Sonate de Camille Saint-Saëns est beaucoup moins « médiocre » que ne le prétendait Marcel Proust. La bonne surprise est découvrir ici celle de Reynaldo Hahn, sur lequel courent de nombreux préjugés et qui est loin d’être un compositeur négligeable. Il a, en tout cas, le sens de l’humour. Il a non seulement intitulé « véloce » le mouvement rapide de sa Sonate, mais il lui a donné un sous-titre inattendu et assez cocasse : « 12 CV, 8 cyl., 5000 tours ». C’est, au vrai, une course folle, en violon et en piano, de trois minutes et vingt-trois secondes.
Jean-Baptiste Baronian

Son 10 - Livret 10 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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