L'Opéra royal de Wallonie-Liège en festival numérique

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L’Opéra royal de Liège Wallonie propose actuellement un véritable festival en ligne avec des représentations d’opéra, des concerts lyriques ou symphoniques et même des concerts de musique de chambre. Dans le même temps, l’institution belge met en ligne un Espace Game digital. Crescendo Magazine rencontre Isabelle Reisenfeld, la responsable communication de l’Opéra royal de Liège Wallonie. 

L’Opéra Royal de Wallonie-Liège est très actif au niveau numérique, que ce soit avec un véritable festival en ligne mais également avec un Escape Game Digital. Le numérique est-il le vecteur indispensable dans ces moments de crise pandémique ? 

Absolument. Si le public ne peut se rendre à l’Opéra, alors c’est l’Opéra qui doit aller vers lui. C’est, du reste, une préoccupation de longue date de notre Maison, bien avant la crise sanitaire. L’Opéra Royal de Wallonie-Liège a été parmi les premiers opéras à diffuser des productions en streaming dès 2010, et accorde également une attention soutenue au reste de la sphère numérique : réseaux sociaux, politique de marketing axée sur le numérique, production de contenus adaptés, ...

 Si le streaming apparaît comme un bras séculier naturel des institutions culturelles, un Escape game semble plus original et inattendu. Qu’est-ce qui a motivé l’Opéra de Liège à prendre part à ce projet ?  

L’idée vient de la société Neominds, qui conçoit ce type de jeux notamment à destination des entreprises. Comme il n’était pour le moment plus possible d’en organiser dans des conditions classiques, ils ont eu l’idée d’adapter leur concept en version digitale : ils ont imaginé une intrigue se déroulant à l’Opéra, et ils nous ont sollicité pour venir y tourner des images. Nous avons tout de suite accepté : c’est un beau moyen de donner un coup de pouce à une jeune société de notre Région, et puis cela permettra au public de découvrir notre Théâtre dans ses moindres recoins. Même les habitués de l’Opéra pourront sans doute y découvrir des choses inattendues !  

Est-ce que vous avez des retours du public de ces initiatives ? Qu’en est-il de la fréquentation virtuelle ?  

Le premier programme diffusé en streaming, le Recueillement musical à la mémoire de Stefano Mazzonis, a rassemblé près de 10000 spectateurs. Il est pour le moment prématuré de donner des chiffres pour le nouveau programme dont la diffusion a débuté le 8 avril. Néanmoins, nous sommes heureux de constater que, de façon générale, le public est très positif sur l’initiative de diffusion de spectacles en streaming : tous apprécient de revoir les images de la salle et découvrir pour certains spectacles une configuration inédite, qu’ils n’ont pas l’habitude de voir, puisque pour plusieurs d’entre eux le chef d’orchestre était placé entre les chœurs et les musiciens, les choristes étant répartis dans les sièges. Cela leur permet d’envisager l’œuvre mais aussi la salle de spectacle d’une autre façon. Nous souhaitons avant tout proposer un produit de qualité et qui gardera intacte l’envie du spectateur de venir en salle : au vu des réactions qui nous parviennent, cela semble en bonne voie !

 Au niveau des captations disponibles en streaming, la palette est vaste car on retrouve des opéras, des concerts avec l’orchestre mais aussi de la musique de chambre. Comment avez-vous envisagé ce programme ? 

Ce programme que nous avons intitulé « Un instant d’opéra » a été conçu par notre Directrice musicale Speranza Scappucci avec le soutien du Conseil d’Administration et des forces vives de l’Opéra pour permettre à notre personnel artistique de maintenir son niveau : un orchestre ou un chœur doivent pouvoir jouer ou chanter ensemble pour maintenir leur cohésion ! C’est pour cette raison que Speranza Scappucci a donné l’impulsion de ce programme qui met en valeur différents aspects de nos artistes, en adaptant la programmation initialement prévue pour cette saison 2020-21. Tous ces spectacles doivent avoir lieu sans public en raison des mesures sanitaires : l’idée de les diffuser en streaming est venue tout naturellement pour en faire quand même profiter le public.

Par rapport à certaines institutions qui mettent tout sur Youtube gratuitement, l’Opéra de Liège demande au public de payer une somme symbolique pour accéder aux contenus. Quelles ont été les motivations de ce choix ? 

Pour les nouvelles productions, nous avons décidé de nous aligner sur la politique des grandes institutions belges similaires à la nôtre. Mais nous offrons aussi des accès gratuits à un programme de 7 concerts, comme nous l’aurions fait pour les concerts de midi qui auraient été joués en public lors d’une saison normale. Finalement, la situation permet à un plus grand nombre encore d’y accéder… Nous avions initialement offert aussi un accès gratuit à nos anciens spectacles entre mars et juin 2020, suspendant momentanément nos accords de diffusion grâce à la compréhension et à la solidarité de nos partenaires. Cette proposition des premiers mois de la crise sanitaire ne pouvait qu’être momentanée.

On parle souvent de l’intérêt des captations pour maintenir le lien avec le public, mais qu’en est-il de la réaction des personnels par rapport à ces projets en ligne ? 

L’intérêt du personnel est grand. Bien sûr pour le personnel artistique qui peut pratiquer son art par ce biais, mais aussi pour le personnel technique et de régie qui y trouve une manière un peu différente de travailler. En règle générale, sentir la Maison vivre à nouveau est pour nous tous une source de joie et de motivation, même si bien sûr l’excitation du live et la présence du public nous manquent.

Le numérique est devenu actuellement la seule manière de toucher les spectateurs, mais une fois la crise du Covid derrière nous, pensez-vous péréniser ces initiatives ?   

Comme je vous l'ai dit, l’Opéra Royal de Wallonie-Liège n’a pas attendu la crise sanitaire pour attacher au numérique une importance soutenue, et pour développer ce moyen de garder le contact avec le public. Nous diffusions déjà de nombreux spectacles sur le web avant la crise et nous continuerons à le faire une fois qu’elle sera derrière nous ! De même, nous resterons attentifs à ce qui se fait dans le domaine, pour étendre les possibilités pour le public de vivre au mieux l’expérience de l’Opéra. 

Le site de l'Opéra royal de Liège Wallonie : https://www.operaliege.be

Propos recueillis par Pierre-Jean Tribot

Maestro Speranza Scappucci

 

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