L’Orchestre National commence bien la saison

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Pour son concert d’ouverture de la saison 2019-2020 au Palais des Beaux-Arts, le Belgian National Orchestra -après que l’intendant Hans Waege eut dans une brève allocation trilingue eut mis en avant les objectifs et les ambitions de la formation pour cette nouvelle saison, la troisième de son directeur musical Hugh Wolff- et son chef titulaire se produisirent  dans un programme intelligemment concocté et donnant aux musiciens de la formation bruxelloise de nombreuses occasions de se mettre en évidence.

Le choix de Go, Solo n° 1 pour orchestre de Pascal Dusapin -compositeur que Bozar et la Monnaie mettront particulièrement en évidence cette saison- en guise de pièce d’ouverture s’avéra particulièrement réussi. Cette oeuvre, espèce de mini-concerto pour orchestre, fait entendre une musique dense, sans concessions, et exige de tous les musiciens une virtuosité tant individuelle que collective. On pointera l’engagement de chaque pupitre (on pense aux belles interventions des cuivres ou à l’incantation du violon solo) et la qualité de son -pleine et nourrie- obtenue par le chef.

Est-il plus belle chose que d’entendre un grand soliste au sommet de son art ? Vadim Repin  -revenant, trente ans plus tard, sur la scène de son triomphe au Concours Reine Elisabeth de 1989- captiva le public dans un Deuxième concerto pour violon de Prokofiev qui était la perfection même. Tant la beauté de sa sonorité, la finesse de son interprétation, son lyrisme rayonnant dans les beautés mélodiques du mouvement lent que son ébouriffante aisance à rendre le côté grinçant et ironique qu’adopte par moments la musique furent un véritable enchantement dans cette oeuvre qu’on réentend toujours avec plaisir. Et quelle belle preuve de collégialité que de voir le grand violoniste jouer en guise de bis le premier mouvement de la Sonate pour deux violons de Prokofiev avec pour partenaire le violon solo de l’orchestre, Alexei Moshkov.

Après avoir apprécié les talents d’accompagnateur de Hugh Wolff dans Prokofiev, on attendait avec intérêt sa prestation dans la Septième symphonie de Beethoven. A l’heure où on opte de plus en plus pour un Beethoven dégraissé et interprété par des formations orchestrales plus réduites, le chef opta pour une approche traditionnelle avec orchestre au grand complet, mais qui montrait un grand soin dans la préparation comme dans l’exécution. Après l’introduction lente, le Vivace initial sut convaincre par son approche légère et dansante, son allant et sa fraîcheur. Le tempo retenu pour l’Allegretto -joué sans une once de sentimentalisme- était tout simplement parfait, avec un soin constant apporté à l’étagement des plans sonores, des cordes jouant avec un minimum de vibrato et des bois très impliqués. On sera moins élogieux pour les deux derniers mouvements. Le Presto était trop bien élevé, manquant de cette tension et de cette sauvagerie qu’on attend dans ce mouvement. Quant au Finale, pris un peu trop rapidement, il obligea les vaillants musiciens à faire porter tous leurs efforts sur le maintien du tempo plutôt que sur le travail de nuances et d’interprétation. N’empêche, les raisons de satisfaction étaient nombreuses à l’issue de cette soirée et on attend avec intérêt la suite des prestations de l’Orchestre National pour la saison qui débute à peine.

Crédits photographiques : Caroline Talbot

Bruxelles, Bozar, le 13 septembre 2019

Patrice Lieberman

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