Louis Couperin, dans l'ombre de François Couperin

par

Louis COUPERIN  (1626-1661) : Nouvelles suites de clavecin. Christophe ROUSSET (clavecin). 2018-DDD-2h26'34-Textes de présentation en anglais et français-Harmonia Mundi HMM 902501.02 (2 cd)

Cet album est d'abord la rencontre d'un des artistes les plus en vue aujourd'hui et d'un clavecin rare et magnifique de 1652. Celui-ci, dû au facteur anversois Ioannes Couchet, fut ensuite modifié en France en 1701 et par la suite encore retravaillé et restauré. Dans une passionnante interview, le musicien exprime l'attachement profond qui le relie au caractère particulier de l'instrument, avec lequel il avait déjà abordé Froberger et qu'il juge parfaitement adapté à la musique de Louis Couperin par son « raffinement, un sens de la sonorité, de la transparence [qui est] le propre de l'Ecole française ». Si Louis demeure moins connu que son frère François, c'est qu'il disparut tôt, à un âge mozartien.

Ces dernières années ont cependant permis de lui rendre la place qui est la sienne, aux sommets. Car si sa production est plutôt limitée, la qualité de celle-ci n'a rien à envier à celle de « François le Grand ». Ami de Jacques Champion de Chambonnières, il se laissa convaincre par ce dernier de « monter » à Paris où il fera la connaissance de Froberger: une rencontre qui influencera le style de l'un comme de l'autre. Proposé comme claveciniste de Louis XIV, il se verra cependant refuser cette charge prestigieuse par un caprice futile d'un roi versatile. Il meurt peu après mais son oeuvre sera sauvegardée par les bons soins de ses frères. Ce qui le distingue parmi ses concurrents est l'introduction de préludes non mesurés, une rareté à l'époque, ainsi que de chaconnes et de passacailles. Courantes, allemandes et autres gigues ont aussi leur place dans ces guirlandes de pièces toutes aussi brillamment écrites les unes que les autres, ornées d'une riche polyphonie et toutes d'un raffinement extrême.

L'interprétation de Christophe Rousset est admirable, d'une prestance toute française qui ne suscite aucun ennui grâce à une expressivité toujours en éveil. Ces deux disques remarquables ne nous dispensent pas d'écouter les intégrales réalisée par Blandine Verlet et Richard Egarr, ni les incursions inoubliables de Gustav Leonhardt, ni les immenses talents de Skip sempé ou de Bob van Asperen. Mais la distinction de Rousset et la splendeur de son instrument devraient inciter le mélomane à écouter ce remarquable album, qui plus est servi par une prise de son au-dessus de tout éloge.

Bernard Postiau

Son: 10 Livret: 10 Répertoire: 10 Interprétation: 10

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