Lully et Mozart à l'Opéra de Monte-Carlo avec David Greilsammer et la Geneva Camerata

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David Greilsammer est un musicien atypique, parmi les plus créatifs de sa génération. Pianiste et chef d'orchestre, il est constamment à la recherche de projets et de programmes qui sortent des sentiers battus. Il se présente sur la scène du Palais Garnier avec son orchestre suisse de la Geneva Camerata, phalange composée de jeunes et brillants instrumentistes passionnés.  Ensemble, ils créent des passerelles entre les différentes expressions artistiques, telles la musique et la danse : les Trente musiciens jouent (tout le concert par cœur) et dansent en même temps. Pour cette expérience,  ils sont accompagnés par le danseur et chorégraphe Juan Kruz Díaz de Garaio Esnaola. 

Ce concert propose deux chefs-d'oeuvre avec un regard inédit : la suite orchestrale tirée du Bourgeois Gentilhomme de Lully et la Symphonie n°40 en sol mineur de Mozart. David Greilsammer entraîne irrésistiblement les musiciens dans son sillage. Ils ont une extraordinaire complicité. Ils jouent debout, sans partition.  La marche est marquée par une rythmique très présente. C'est une combinaison envoûtante de musique et de danse, et les musiciens parviennent à jouer et à bouger simultanément avec une aisance étonnante. On est conquis par le caractère solennel et l'esthétique harmonieuse.

La deuxième partie est plus sombre : David Greilsammer, la Geneva Camerata et Juan Kruz Díaz de Garaio Esnaola nous racontent une triste histoire de souffrance et de lamentation.  

L'interprétation très intense de l'orchestre est superbe de la toute première à la dernière note.  Le brillant maestro dirige les remarquables musiciens de l'orchestre à un rythme relativement rapide et avec la dynamique la plus efficace possible. Ils ont une sonorité tour à tour foncée, cuivrée, râpeuse, aiguë, moelleuse ou tendue. C'est passionnant, enveloppant, on est comme emporté par le vent.

Le chorégraphe se contorsionne ; tous les muscles et les membres de son corps, d'une minceur excessive, se tordent en tous sens. Il est comme convulsionné par l'agonie.

Il passe à travers les musiciens et les renverse. Ils jouent couchés et se relèvent, pratiquement dans l'obscurité. C'est une performance phénoménale, merveilleuse et époustouflante à la fois ! 

Monte-Carlo, Opéra, 19 décembre 2021

Carlo Schreiber

Crédits photographiques :  Carole Cuperly

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