Un Noël en musique au château de Fontainebleau avec l'ensemble Balthazar Neumann

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Depuis 2020, l’orchestre et le chœur Balthazar Neumann, sous la direction de leur fondateur Thomas Hengelbrock, sont en résidence au château de Fontainebleau. Du 13 au 15 décembre dernier, ils ont donné une série de concerts de Noël dans deux lieux emblématiques : la chapelle de la Trinité et la salle du Bal. Ces espaces, offrant une acoustique exceptionnelle, ont accueilli des œuvres allant du premier baroque italien aux compositions des XIXe et XXe siècles.

Cette collaboration s'inscrit dans le souhait du château de Fontainebleau de recréer un « foyer artistique ». Chaque concert investit des lieux riches d’histoire, leur conférant une aura particulière. Ce dimanche après-midi, la première partie du concert, consacrée à des œuvres de Monteverdi, Dario Castello (1602-1631) et G. Gabrieli, s’est déroulé dans la chapelle de la Trinité. Édifiée sous François Ier et achevée sous Henri IV, cette chapelle a vu des moments historiques marquants : le mariage de Louis XV avec Marie Leszczyńska et le baptême de Napoléon III sur les genoux de son oncle, Napoléon Ier. Sous sa voûte pré-baroque, chef-d’œuvre de la seconde École de Fontainebleau, le chœur, disposé en miroir, a su tirer parti d’une acoustique particulièrement équilibrée. Les instruments à cordes, à la sonorité chaleureusement boisée, ont accompagné le Magnificat primo tiré de Selva morale e spirituale de Monteverdi, composé à la fin de sa vie. D’autres pièces, interprétées avec des dispositions similaires du chœur, ont également magnifié l’architecture du lieu. Cependant, malgré une grande attention aux détails, l’effet attendu du double chœur ne parvient pas à pleinement résonner, laissant l’expression sur notre faim.

En guise de l’entracte, le public a rejoint la salle du Bal, également appelée « galerie Henri II ». Ce vaste espace de 300 m², aux décors évoquant faste et plaisir, offre une acoustique homogène, idéale pour la musique de chambre. Pour ce concert, les musiciens -disposés devant l’imposante cheminée, au lieu de s’installer sur la magnifique tribune pour accompagner le bal au temps des rois- ont interprété des œuvres plus introspectives que le lieu : Mein Herz erhebet Gott, den Herrn op. 69 n° 3 et le quatuor à cordes op. 12 de Mendelssohn, Wie schön leuchtet der Morgenstern BWV 436 de Bach, Wie soll ich Dich empfangen de Gustav Schreck (1849-1918) et Jesu, grosser Wunderstern ainsi que Es kommt ein Schiff geladen de Max Reger.

Dans cette seconde partie, le chœur a montré davantage de densité. Les alternances entre les parties des soli, notamment des quatuors vocaux, et tutti étaient marquées par une homogénéité exemplaire et une finesse remarquable dans le traitement des phrasés. Ces qualités ont atteint leur apogée lors du bis : Abendlied de Joseph Rheinberger, dont la toute fin est chantée avec un diminuendo continu d’une rare délicatesse. Cette conclusion céleste a offert une preuve éclatante de la beauté et de la puissance expressive de la voix humaine. 

Concert du 15 décembre, château de Fontainebleau

Victoria Okada

Crédits photographiques © Emilie Brouchon et © Daniel Liburski - Accent Tonique

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