Max Reger : une somme exceptionnelle au disque !

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Max Reger (1873-1916) : Variations et Fugue sur un thème de Mozart op. 132 – Prologue symphonique à une tragédie op. 108 – Concerto pour piano en fa mineur op. 114 – Suite en style ancien op. 93 – Variations et Fugue sur un thème de Beethoven op. 86 – Eine Balettsuite op. 130 – Vier Tondichtungen nach Arnold Böcklin op.128
Norrköping Symphony Orchestra, Leif Segerstam, direction – Love Derwinger, piano
2013-DDD-3 cd (3h23m54s)-Texte de présentation en anglais, français, allemand - Bis 9047
Qui est Max Reger ? Si Mahler, Richard Strauss, Debussy et tant d’autres nous sont familiers, le compositeur, pianiste, organiste et chef d’orchestre allemand né en 1873 et mort à 43 ans subit aujourd’hui un déclin d’intérêt conféré à trop de compositeurs. Kapellmeister à la cour de Meiningen, étudiant au Conservatoire de Leipzig, Reger reste un compositeur romantique dont le travail sur l’harmonie déroute un certain nombre d’analystes. En témoigne son très beau cycle de Variations et Fugue sur un thème de Beethoven. Ecriture proche du compositeur de l’ « Ode à la Joie » ponctuée de recherches sonores et rythmiques innovantes. Très apprécié de son vivant, Reger admire Wagner mais aussi Schumann et Liszt. Assistant d’Hugo Riemann à Wiesbaden, il devient professeur en 1895 à l’Université de Leipzig. D’un caractère intransigeant et parfois brutal, ses échecs se succèdent, notamment lorsqu’il doit quitter la direction de l’ensemble choral Porges. Perturbé par le massacre de la guerre et par une dépression nerveuse, il succombe, trop jeune, à une attaque cardiaque.
L’œuvre de Reger aborde tous les styles : musique de chambre, orchestre, concerto, musique soliste… Dans cette parution, Leif Segerstam et le Norrköping Symphony Orchestra s’attaque à sept chefs-d’œuvres. La lecture du chef est claire, précise et offre contrastes saisissants entre tutti à la Strauss et parties plus douces et mélodiques. Belles dynamiques de la part de l’orchestre, notamment dans Eine Ballettsuite où chaque cellule est jouée avec justesse. Ambiance de bal, de fête, le tout dans un champ harmonique très large, nous rappelant parfois l’œuvre de Mahler. Le Concerto pour piano en fa mineur est l’une de ses premières véritables œuvres concertantes. D’une difficulté redoutable, le style est brahmsien exigeant une lecture précise et énergique. Rapport piano/orchestre remarquable alors que le soliste est rarement noyé dans la masse orchestrale. Love Derwinger s’attaque à ce monstre pianistique avec fougue et détermination. Raffinement et élégance pour la Suite en style ancien, thème puisé dans la Sonate pour piano K 331 de Mozart pour un autre cycle de variations et angoisse pour le Prologue symphonique à une tragédie, bref un compositeur toujours prolifique.
La musique de Reger est avant tout raffinée et non dure, bien qu’énergique et parfois envoûtante. Les interprètes de ce triple disque offrent une lecture proche du texte avec un travail remarquable sur les plans sonores, très souvent verticaux. S’il manque aujourd’hui des références pour ce répertoire, Leif Segerstam peut se hisser en tête des plus belles interprétations. A découvrir !
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 9

 

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