Nouvelle intégrale Ravel à Barcelone : un démarrage en fanfare pour Ludovic Morlot et l’OBC

Maurice Ravel I Complete orchestral Works. Maurice Ravel (1875-1937) : Le Tombeau de Couperin (“Fugue” et “Toccata” orchestrées par Kenneth Hesketh), Ma Mère l’oye (version ballet), Pavane pour une infante défunte. Orquestra Simfònica de Barcelona i Nacional de Catalunya (OBC), direction : Ludovic Morlot. 2023. Livret en : anglais, français, catalan et espagnol. 59’11’’. LA-OBC-007.
Le XXIème siècle est celui d’un monde multipolaire en matière de label discographique avec une recomposition quasi permanente. Parmi ces derniers avatars L’Auditori en référence à salle de concert barcelonaise du même nom. L’Auditori est également le lieu de résidence de l’Orquestra Simfònica de Barcelona i Nacional de Catalunya (OBC) dont Ludovic Morlot est Directeur musical.
Un bonheur n’arrivant jamais seul, l’OBC et son chef se lancent à l’occasion de ce premier enregistrement dans le projet d’enregistrer les œuvres orchestrales de Maurice Ravel à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du compositeur le tout avec des éditions révisées de la Ravel Edition dont Ludovic Morlot est partie prenante. Voilà pour le contexte !
Ce qui frappe d’entrée c’est l’exactitude du mouvement, ce trait de caractère sera le fil directeur de cet enregistrement. Dans le Tombeau de Couperin d’abord. La fluidité et la lumière qui s’en dégagent sont une divine surprise pour ne pas dire un pur plaisir. On s’amuse presque d’une sorte de simplicité, d’une décontraction qui fait du bien. Notons que Ludovic Morlot dirige la version complète du Tombeau de Couperin avec les mouvements ““Fugue” et “Toccata” orchestrés avec brio par le compositeur anglais Kenneth Hesketh.
Ma Mère l’Oye, dans la version ballet, convoque en nous des sentiments de fraîcheur, de vivacité et d’imagination. Morlot et l’OBC parviennent à générer un climat poétique. En retour, comment ne pas nous prendre d’affection surtout avec des musiciens aussi intéressants dans l’exécution de leur art ?
Ce premier opus de ce qui deviendra sûrement une très belle intégrale orchestrale Ravel se termine par la Pavane pour une infante défunte. La magie opère encore. Une mélancolie apaisée nous étreint petit à petit dans ses bras rassurants. Point de lourdeurs ni de grosses ficelles émotionnelles. Place au songe. Nous ne sommes plus totalement dans le réel pendant ces six minutes. Le lyrisme de l’OBC n’a rien à envier aux autres formations continentales.
Vous l’aurez compris nous sommes face à une très belle proposition contemporaine qui n’a pas vocation à être mise en concurrence avec ses glorieuses aînées. À chaque époque ses références, nul doute que celle s’inscrira dans le paysage discographique de notre temps. Nous avons surtout hâte de pouvoir bénéficier de l’intégrale qui promet beaucoup.
Son : 10 – Livret : 10 - Répertoire : 10 – Interprétation : 10
Bertrand Balmitgère