Novo Quartet remporte la section quatuor à cordes du 77e Concours de Genève
À l’issue de l’épreuve finale des quatuors à cordes du 77e Concours de Genève, le dimanche 29 octobre à Victoria Hall, le Novo Quartet (Danemark) a obtenu le premier prix, alors que le Quartett Hana (Allemagne) et le Quatuor Elmire (France) ont partagé le 2e prix.
Quartett Hana se présente en premier lieu pour interpréter le Quatuor à cordes n°3 en ré majeur, op. 44-1 de Mendelssohn. Dès les premières notes, il fallait bien tendre l’oreille pour entendre les quatre instruments qui ne sonnent pas suffisamment, contrairement à l’énergie très visiblement déployée par les musiciens. Est-ce à cause de l’acoustique de la salle ? Ou de la place que nous occupions au parterre ? Leur jeu très est bien mis en place sans aucune faute, les notes sont toujours justes et le tempo presque métronomique. Mais nous sommes restés sur notre faim notamment à cause de peu de changement de caractère, d’humeur, et de registre sonore.
Le Quatuor Elmire fait preuve d’une idée musicale originale et réfléchie, dans le Quatuor à cordes n°8 en mi mineur, Op. 59-2, « Razumovsky » de Beethoven. Dès les accords initiaux, ils mettent l’accent sur la pause comme une interrogation philosophique. Leur manière de jouer semble se rapprocher à maintes reprises d’un jeu baroque, en s’ajustant en fonction d’une écoute mutuelle constante, d’où quelques flottements quant à la hauteur de note. Mais cela rendait l’interprétation bien propre à eux, avec une affirmation sortant des sentiers battus. Le deuxième mouvement est caractérisé par une flexibilité, tels des flux d’ondes : des crescendi et descresciendi comme des dilatations et dégonflements organiques. Toutefois, l’impression de prudence permanente empêchait de nous éclater émotionnellement au rythme de la musique, jusqu’au final qui ne s’emporte pas tout à fait.
Enfin, chez les Novo, la position debout permettait de projeter le son avec plus d’efficacité. Dans le Quatuor à cordes n°2 en la mineur op. 13 de Mendelssohn, l’équilibre entre les quatre musiciens est toujours parfait, les phrasés naturels. Le premier mouvement est marqué par un bel élan et par une expressivité engagée mais pas pour autant exacerbée. Ils construisent le 2e mouvement avec un contraste fascinant entre le thème, la fuguette et la partie médiane en changeant de tempo et de caractère, toujours avec un grand naturel. Tout au long de l’œuvre, le premier violon fait preuve d’une belle sonorité et surtout d’une maturité en harmonie avec les trois autres musiciens. Malgré toutes ces qualités, remarquables, à mesure que la fin s’approche, on se lasse car paradoxalement, leur constance ne permet pas de s’accrocher.
Pendant la délibération, la plupart discutent pour savoir lequel des quatuors Elmire ou Novo prendra la première place. C’est pourquoi, le verdict du jury plaçant les Elmire et les Hana au 2e prix ex æquo a suscité une surprise, même chez ceux qui ont suivi toutes les épreuves genevoises…
Genève, 29 octobre 2023
Victoria Okada
Crédits photographiques : © A.L. Lechat