Opéra, passion(s) et controverse(s) avec Peter de Caluwé 

par

Stéphane Renard : Peter de Caluwé : Opéra, passion(s) et controverse(s) avec Peter de Caluwé, Bruxelles, Racine, ISBN : 9 782390 250937. 

Directeur du Théâtre Royal de La Monnaie de Bruxelles depuis 2007, Peter de Caluwé est devenu une figure centrale de la vie culturelle belge et une voix qui porte dans un contexte national belge de repli identitaire et de poussée des extrêmes. Car Peter de Caluwé, c’est une éthique et une vision claire de la place de l’art et bien sûr de la musique dans la Cité. Annoncé à Salzbourg et Paris, c’est à la Monnaie qu’il reste fidèle, théâtre qui traverse actuellement une période artistique dorée portée par le tandem qu’il forme avec Alain Altinoglu, le directeur musical de la maison. Dès lors, c’est avec grand intérêt que l’on se plonge dans ce livre d’entretiens avec notre confrère Stéphane Renard, critique musical du quotidien économique belge l’Echo. Les entretiens, nés de discussions informelles, ont été réalisés entre 2017 et 2019. 

Tout d’abord, ce livre est un bel objet, bien introduit par une courte mais intéressante présentation biographique de Peter de Caluwé. L’ouvrage alterne les entretiens thématiques avec des textes de l’Intendant sur des productions opératiques marquantes dont certaines avaient défrayées la chronique (nous ne spoilerons pas !) et des photographies de productions marquantes complétées de courts textes des metteurs en scènes. 

Au fil de l’ouvrage, on rentre dans la vision de Peter de Caluwé, basée sur une volonté inébranlable de défendre une culture ambitieuse au service d’une vision de l’art dans la société qui se doit de proposer aux spectateurs une réflexion humaniste et une mise en perspective. L’opéra, comme le théâtre, y apparaît comme un art du temps  long où les soubresauts sociétaux traversent les époques pour questionner et interpeler cette société. Ainsi, on aime particulièrement cette phrase : “le drame des hommes politiques est qu’ils ont le sentiment de devoir tout réinventer /.../ Nos dirigeants devraient relire Shakespeare et d’autres grands auteurs. Malheureusement, ils ne viennent guère au théâtre. En y croisant leur propre destin, ils arrêteraient peut-être de répéter toujours les mêmes erreurs”. Car comme le titre l’un des chapitres le souligne, pour Peter de Caluwé, “l’opéra est plus que jamais une forme d’art politique”. Le scandale est inhérent à l’ar, mais pas pour choquer gratuitement le bourgeois mais pour questionner notre époque. L’opéra et la culture sont un bien commun, un bien unique pour l’humanité et même un remède : “la culture ne soigne pas aussi ?” 

 Un livre foncièrement passionnant qui rappelle que maintenir la culture au plus haut niveau est un combat quotidien et une ambition sans concession.

Pierre-Jean Tribot

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