Mahler historique par Michael Gielen

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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°6 en la mineur « tragique ». SWR Sinfonieorchester Baden-Baden et Freiburg, Michael Gielen. 1971 et 2013. Notice en anglais et allemand. 172’06’-3 CD SWR Classic. SWR 19080 CD

Suite au décès du regretté chef d’orchestre Michael Gielen, le label SWR Classic lui rend hommage avec un coffret intégralement dédié à la Symphonie n°6 de Gustav Mahler au pupitre du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden et Freiburg. Attention, il s’agit de la mise sur le marché de deux enregistrements qui viennent compléter l’indispensable coffret Mahler que le label lui a précédemment consacré.

Le commentateur se retrouve face à deux concerts captés en 1971 à Baden-Baden et en 2013 à Salzbourg, l’un des ultimes concerts du SWR Sinfonieorchester Baden-Baden et Freiburg avant sa “fusion”’ avec la phalange radiophonique de Stuttgart et l’un des derniers du chef qui se retira des podiums en 2014.

Ce concert relevait déjà d’un côté “légendaire”, porté par un public galvanisé se souvenant d’avoir vécu un moment d’anthologie. En effet, cette version est assez unique en premier lieu par sa lenteur. Gielen prend son temps et impose un climat étouffant, foncièrement expressionniste avec une masse orchestrale oppressante et implacable. C’est plus que “Tragique”, c’est complètement cauchemardesque par la noirceur infernale qui se dégage de la radicalité instrumentale. Changement de registre avec “l’Andante moderato”, à la beauté froide et mélancolique, rare éclaircie de calme dans cette folie orchestrale qui reprend de plus de belle avec le “Scherzo.Wuchtig” et le “Finale.Allegro moderato-Allegro energico” conclusif tellurique, volcanique et explosif presque aux limites du nerveusement tolérable. On imagine le choc ressenti par les auditeurs face à une telle force musicale. Le tour de force de Gielen réside dans la gestion de tempi lents qui tendent l’arc dramatique à l’extrême, créant ce climat oppressant et angoissant ! Superbement capté sur la scène du Festspielhaus de Salzbourg, l’orchestre qui jouait sa survie au sens littéral du mot, est magistral de puissance et de précision.

Face à ce volcan symphonique, l’interprétation de 1971 apparaît bien sage et presque timide ! Même si elle est bien campée dans une geste assez énergique et radicale. Car le plus sidérant apparaît dans l’évolution des tempi : l’interprétation de 2013 est plus lente de 20 minutes que celle de 1971 ! Cette différence illustre bien le changement, même si le concept “moderniste” reste le même : refus des effets dramatiques et rigueur millimétrée dans les dynamiques. L’évolution se situe aussi dans l’alternance des mouvements puisque, en 1971, “l’Andante moderato” est joué comme troisième mouvement alors qu’il passe en seconde position en 2013.

Un coffret indispensable aux mahlériens et aux amateurs de direction.

Son 9 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprétation 10

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