Sandrine Piau, transparences lumineuses et miroitements 

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Reflet. Hector Berlioz (1803-1869) Les Nuits d’été : Le Spectre de la rose. Henri Duparc (1848-1933) : Chanson triste ; L’invitation au voyage. Charles Koechlin (1867-1950) : 4 Poèmes d’Edmond Haraucourt, op. 7 n° 2 : Pleine eau et n° 4 : Aux temps des Fées ; 3 Mélodies op. 17 n° 3 : Épiphanie. Claude Debussy (1862-1918) : Suite bergamasque : Clair de lune, orchestration André Caplet ; 6 Épigraphes antiques, n° 6 : Pour remercier la pluie au matin, orchestration Ernest Ansermet. Maurice Ravel (1875-1937) : 3 Poèmes de Stéphane Mallarmé. Benjamin Britten (1913-1976) : 4 Chansons françaises. Sandrine Piau, soprano ; Orchestre Victor Hugo, direction Jean-François Verdier. 2022. Notice en français, en anglais et en allemand. Textes des mélodies inclus, avec traduction anglaise. 57’ 05’’. Alpha 1019. 

Cahiers pour Anna Magdalena : bal des fantômes au logis du Cantor

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Notebooks for Anna Magdalena. Oeuvres de Johann Sebastian (1685-1750), Carl Philipp Emanuel (1714-1788), Johann Christian (1735-1782) Bach, François Couperin (1668-1733), Gottfried Heinrich Stölzel (1690-1749), Johann Adolf Hasse (1699-1783). Carolyn Sampson, soprano. Mahan Esfahani, clavicorde, clavecin. Juin 2021. Livret en anglais, français, allemand. TT 76’49. Hyperion CDA68387

Moisson de fin d'hiver chez Bärenreiter, Universal et Wiener Urtext Edition

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Jakub Metelka (*1986) : The secret garden, Modern Piano Nocturnes - Bärenreiter Praha - BA 11574 - ISMN 979-0-2601-0971-1

Un magnifique recueil de courtes pièces musicales signées Jakub Metelka ouvre cette moisson, offert par Bärenreiter. Quinze pièces réunies sous le titre évocateur, "Jardin secret", Nocturnes modernes pour piano. D'une difficulté moyenne, probablement dans le prolongement de son premier ouvrage, ces pièces de caractère évoluent sur plusieurs niveaux de difficulté où une main gauche agile et une main droite empreinte de lyrisme se rencontrent. Le style y est charmant, aux harmonies douces et aux rythmiques apaisées, et s'inscrivent dans le parfait prolongement des deux premières parutions de l'auteur, déjà commentées dans nos pages. Il est à noter que des enregistrements de ces pièces sont disponibles sur les sites de l'éditeur et du compositeur.

Le piano éclectique et captivant de Behzod Abduraimov

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Shadows of my ancestors. Serge Prokofiev (1891-1953) : Dix Pièces de Roméo et Juliette, op. 75. Dilorom Saidaminova (°1943) : Les Murs de l’ancienne Boukhara. Maurice Ravel (1875-1937) : Gaspard de la nuit. Behzod Abduraimov, piano. 2023. Notice en français, en anglais et en allemand. 70’ 46’’. Alpha 1028.

Martha Argerich et Charles Dutoit à Monte-Carlo

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La légendaire pianiste Martha Argerich  revient à Monaco et c'est à chaque fois un événement extraordinaire qui affiche complet. Le public monégasque a eu le privilège d'assister presque chaque année, y compris en période du Covid -avec une jauge de moitié- à des concerts inoubliables avec Martha Argerich et son complice Charles Dutoit, dans ses concertos favoris de  Prokofiev, Ravel ou Schumann...

Cette fois-ci, elle joue le  Concerto n°1 de Beethoven, une œuvre qui a lancé sa carrière en 1949 alors qu'elle n'avait que sept ans ! Il n'y a plus de pianiste aujourd'hui qui joue après 75 ans de carrière avec autant de facilité, de profondeur, de clarté, de fluidité, de passion et de plaisir.

Une nouvelle fois, on a apprécié son toucher magique. Poétesse du clavier, son intelligence contrôle, filtre le lyrisme tout en donnant de l'intensité à l'expression du sentiment sans aucun sentimentalisme. C'est Beethoven qui prend vie, en partenariat avec le maestro Charles Dutoit. Même si on décèle une légère fatigue, elle offre au public déchaîné après de nombreux rappels deux bis où elle est époustouflante  : la  Gavotte de la  Suite anglaise n°3 de Bach, le summum de la technique digitale et Jeux d'eau de Ravel, le chef d'oeuvre impressionniste inspirée du bruit de l'eau et des sons musicaux qui suggèrent les jets d'eau, les cascades et les ruisseaux. Sous les doigts d'Argerich l'eau vive couve un feu intérieur.

Gergely Madaras, à propos des Béatitudes de César Franck 

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Le chef d’orchestre Gergely Madaras, directeur musical de l’Orchestre philharmonique royal de Liège (OPRL) fait paraître un nouvel enregistrement des Béatitudes de César Franck (Fuga Libera), l’un des grands chefs-d'œuvre du compositeur né à Liège. A cette occasion, il répond à aux questions de Crescendo-Magazine. 

Ces dernières années, vous avez dirigé et enregistré un grand nombre d'œuvres de César Franck, qu'elles soient symphoniques, chorales ou lyriques. Votre vision personnelle de Franck a-t-elle évolué au cours de cette aventure ?

Absolument. César Franck était pour moi un compositeur de formidable musique de chambre et de musique pour orgue, que j'admirais à distance et sans trop savoir grand-chose de son génie. Grâce à ce bicentenaire, et surtout grâce au fait que notre orchestre a entrepris de le célébrer aussi sérieusement que possible, en le mettant à l’honneur pendant toute une saison, en programmant la plupart de ses œuvres les plus emblématiques, sans ménager son temps, son argent et ses efforts, nous avons réussi à éveiller une attention renouvelée et rafraîchie sur les qualités incroyables de ce compositeur. Ce fut en effet un voyage très personnel pour moi aussi, qui a été gratifiant tant sur le plan artistique que sur le plan humain. Il m'a montré les multiples facettes du génie du compositeur : en tant qu'orchestrateur, en tant que peintre de couleurs sonores transparentes, sensibles et luxuriantes, décrivant et évoquant des émotions humaines profondes. Bien au-delà de rendre cette musique plus proche de moi, d'une certaine manière, j'ai l'impression qu'elle fait désormais partie de mon ADN, et je m'engage à continuer à programmer ses pièces lors de mes concerts dans le monde entier avec différents orchestres, car je suis convaincu qu'elles méritent encore plus d'attention et de reconnaissance au niveau international.

On lit souvent que les Béatitudes sont le chef-d'œuvre vocal de César Franck. Êtes-vous d'accord avec cette affirmation ?

Il s'agit sans aucun doute d'un chef-d'œuvre. Mais après avoir dirigé son opéra dramatique Hulda et son luxuriant poème symphonique pour chœur et orchestre, Psyché, d'un érotisme presque explicite, je ne peux pas mettre tous mes œufs dans le même panier avec Les Béatitudes. Mais une telle œuvre complexe et plus ou moins statique (non scénique) avec solistes et chœur, qui s'étend sur près de deux heures, s’impose clairement comme une déclaration que Franck a voulu faire, en tant que compositeur en pleine maturité, embrassant certaines des valeurs les plus importantes qui ont façonné sa vie, la religion et l'humanité, entre autres.

Votre nouvel enregistrement des Béatitudes est un grand succès, et vous avez su lui donner une énergie et un sens de l'ensemble qui évitent la lourdeur. Y a-t-il un défi particulier à relever dans l'interprétation de cette vaste partition ?

Les défis sont exactement les caractéristiques que vous avez évoquées : trouver la transparence dans une masse sonore abondamment orchestrée, trouver une ligne dans cette forme excessivement étirée qui est divisée en neuf parties, faire ressortir les vrais caractères des parties solistes apparemment statiques et trouver les bons tempi : Franck avait une immense confiance en ses interprètes et a laissé des indications de tempo relativement vagues. Mais lorsque nous jouons à plusieurs reprises les passages en question, les relations entre les différents tempi et la vitesse idéale de chaque mouvement deviennent tout à fait claires et évidentes, en fonction également de l'acoustique de la salle dans laquelle nous jouons.

Retour du Piano Classic à Dubai avec Andrey Gugnin et Alexey Shor

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Dans le cadre de la troisième édition de la compétition internationale « Classic Piano », le gagnant de la compétition, le pianiste russe basé à Amsterdam, Andrey Gugnin, et le compositeur en résidence, Alexey Shor, ont accepté de répondre à quelques questions. Ils se livrent afin de nous en dire un peu plus sur ce concours et la manière dont ils l’ont vécu.

Andrei Gugnin, vous êtes le grand gagnant de la troisième édition de la compétition internationale « Classic Piano ». Comment avez-vous vécu cette aventure ?

Je crois que le présent change notre perception du passé, et le fait que j'aie gagné le concours colore certainement mon regard rétrospectif, rendant tout plus doux et plus agréable qu'il ne l'était à l'époque. En effet, tout concours est une expérience extrêmement intense et stressante. Le concours "Classic Piano" de Dubaï n'a pas fait exception à la règle. Chaque concurrent arrive avec l'objectif ultime de gagner, ce qui implique de fournir un effort maximal tout au long de l'événement. Les trois semaines passées à Dubaï ont donc été assez épuisantes.

Cependant, nous avons eu la chance d'avoir un temps parfait et j'ai profité de l'occasion pour faire du jogging et des promenades dans la marina. Je suis également reconnaissant des nouvelles amitiés qui se sont nouées entre les concurrents ; nous avons partagé de nombreux moments de plaisir, des conversations et des pauses déjeuner, plaisantant souvent sur le fait que nous allions dans les deux ou trois mêmes endroits pour manger. Nous étions tous unis par l'objectif commun de donner le meilleur de nous-mêmes à chaque épreuve.

Pour les troisième et quatrième tours, ma compagne est venue me soutenir. Ayant déjà séjourné plusieurs fois à Dubaï, elle m'a fait découvrir certains de ses endroits préférés, ce qui m'a permis d'avoir un regard neuf sur la ville et d'améliorer mon bien-être au cours des deux dernières épreuves.

Vous avez reçu le premier prix suite à votre interprétation du 3e Concerto de Rachmaninov. Pourquoi avoir choisi ce concerto ?

Cette pièce fait partie de mes concertos préférés. Je l'ai souvent interprété par le passé. Bien que ce choix puisse ne pas sembler particulièrement original ou novateur, je crois fermement qu'il faut choisir des musiques qui résonnent profondément en nous, quelle que soit leur popularité. Le 3e Concerto de Rachmaninov occupe une place particulière dans mon cœur puisqu’il incarne, à mes yeux, un spectre d'émotions et de réflexions musicales que nulle autre œuvre ne peut égaler.

Cathédrale de Séville en portrait Renaissance, par un envoûtant consort de flûtes à bec

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The Orange Tree Courtyard. Pedro de Escobar (c1465-1535), Francisco Guerrero (1528-1599), Cristobal de Morales (c.1500-1553), Juan Vasquez (c.1500-c1560), Miguel de Fuenllana (fl.1553-1578), Francisco Peraza (1564-1598), Alonso de Mudarra (c.1510-1580), Alonso Lobo (1555-1617), Francisco de Peñalosa (1470-1528) et al. The Royal Wind Music. Verena Barié, Francesca Clements, Kristy van Dijk, Hester Groenleer, Marco Magalhaes, Maria Martinez Ayerza, Juho Myllylä, Filipa Margarida Pereira, Daniel Scott, Irene Sorazabal Moreno, Anna Stegmann, flûtes à bec. Août 2022. Livret en anglais, allemand. TT 60’38. Pan Classics PC 10448