Pastiches et cie  à l'américaine

par

The American Project. Michael Tilson Thomas (né en 1944) : You Come Here Often ? ; Teddy Abrams (né en 1987) :  Piano Concerto. Yuja Wang, piano ; Louisville Orchestra, Direction : Teddy Abrams. 2022. Livret en anglais. 41’58’’. DGG. 

Force est de constater que la très médiatique pianiste Yuja Wang a une appétence pour la musique de son temps, avec une préférence pour les partitions virtuoses d’un John Adams ou d’un Magnus Lindberg, sans oublier les expériences radicales avec le percussionniste Martin Grubinger. 

Cette nouvelle parution DGG met à l’honneur des compositions de son pays d’adoption : les USA. La pièce de résistance est le Concerto pour piano de Teddy Abrams (2022), pianiste, clarinettiste, compositeur et chef d’orchestre. Teddy Abrams est actuellement directeur musical de l’Orchestre Symphonique de Louisville dans le Kentucky. 

Le chef et la soliste sont des amis de longue date et c’est tout naturellement que l’idée d’un concerto pour piano a éclos, tel un miroir contemporain à la célèbre Rhapsody in Blue de Gershwin. Conçu à la base pour compléter un programme avec la célèbre et relativement brève partition de Gershwin, l'œuvre est devenue un concerto de 35 minutes écrit sur mesure pour la virtuosité de la pianiste et en hommage aux influences de la musique des USA. La partition se découpe en 11 sections, tel un pot-pourri de multiples inspirations américaines : le style big band, le latin jazz, des réminiscences de gospel et une évocation des classiques de Broadway, le tout est ponctué par des cadences pianistiques gershwinesques échevevelées. L'œuvre est un tourbillon qui ne laisse pas une minute de répit à l’auditeur emporté dans un ouragan de rythmes et de scintillements crus et acides tels les spots de lumière de Las Vegas. C’est justement là que l'œuvre pêche : cette virtuosité incessante et les exploits techniques de la pianiste alliés à une écriture brillante mais clinquante ont tendance à fatiguer et à saturer l’esprit. Point de nuances ni de finesse dans ces trente-cinq minutes de pyrotechnie musicale bodybuildée. On peut certes trouver cela brillant et admirer la fabuleuse virtuosité de la pianiste qui “joue” mais rarement en nuances : cela peut aussi donner mal à la tête. 

En ouverture de disque, la pianiste propose le bref You Come Here Often ? de  Michael Tilson Thomas, une partition destinée à la pianiste qu’elle offre régulièrement en bis. Le lien entre tous les protagonistes du disque est évidemment fort : Michael Tilson Thomas est un proche de Yuja Wang qu’il a encouragée à ses débuts et il a donné à Teddy Abrams ses premières leçons de direction d’orchestre. De la partition même, il n’y a pas grand chose à dire : c’est une pièce énergique et brillante, répétitive et colorée qui a l’avantage d’être brève.  

Cet album est disponible en numérique mais aussi en physique mais il faut noter que le minutage est fort chiche. 

Son : 10 – Livret : 7 – Répertoire : 6 – Interprétation : 7

Pierre-Jean Tribot

Chronique réalisée sur base des fichiers numériques.

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