Turangalîla d’anniversaire à Boston
Olivier Messiaen (1908-1991) : Turangalîla-Symphonie. Yuja Wang, piano ; Cécile Lartigau, ondes Martenot ; Boston Symphony Orchestra, direction : Andris Nelsons. DGG.
Le 6 décembre 2024 marquera les 75 ans de la création mondiale de la Turangalîla-Symphonie d’Olivier Messiaen sous la direction de Leonard Bernstein au pupitre du Boston Symphony Orchestra. De manière à célébrer cet évènement, le BSO propose une nouvelle interprétation sous la direction d’Andris Nelsons son directeur musical et avec la star Yuja Wang au piano et Cécile Lartigau aux Ondes Martenot. Il s’agit de la captation d’un concert d’avril dernier actuellement uniquement commercialisé en digital.
Si Yuja Wang s’est imposée comme une spécialiste de cette œuvre qu’elle pratique régulièrement sous des baguettes de stars comme Gustavo Dudamel et Esa-Pekka Salonen, on attendait pas Andris Nelsons dans ce répertoire. La débauche d’énergie de la pianiste new-yorkaise se marie bien avec une lecture assez premier degré du chef au pupitre d’un orchestre caréné de toutes parts et capable de tout dynamiter. Le chef et la soliste n’envisagent pas la Turangalîla-Symphonie au regard des modernités et des filiations de l’oeuvre de Messiaen, ils ne cherchent pas non plus à intellectualiser le propos : ça fonce droit devant et galvanisant les dynamiques à coup de volées de boissons énergisantes. Dans les mouvements rapides, cela passe bien alors que les mouvements plus lents et médiatifs se déploient dans un onirisme des timbres un peu surfait mais tellement plaisant musicalement avec un final comme un magma en fusion. Cécile Lartigau aux Ondes Martenot se fond avec tact dans ce déluge musical. La restitution sonore est spectaculaire tel un feu d’artifice musical.
La discographie de la partition est assez colossale et même si cette interprétation ne détrône pas celle de Thibaudet/Chailly (Decca) comme référence incontournable, elle en met plein les oreilles dans une transe symphonique galvanisante. Un bon remède anti mauvaise humeur !
Note globale : 9
Pierre-Jean Tribot