Quatre temps forts à l’Orchestre National de Lille

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Alors que la saison 2015-2016 est déjà bien entamée, l’Orchestre National de Lille a annoncé jeudi les prochains temps forts, en relation avec les 40 ans de l’orchestre, mais aussi les 80 ans du directeur musical, Jean-Claude Casadesus, qui fêtera également ses 50 ans de carrière. Ce fut ainsi l’occasion d’entendre Jean-Claude Casadesus s’exprimer sur son orchestre et ses principes fondamentaux, sur l’évolution depuis l’Orchestre Philharmonique des Flandres, sur les défis et objectifs et enfin sur les difficultés liées aux prochaines échéances électorales qui risqueraient de venir perturber la politique culturelle de la région. En 1976, alors que la région vit une période de crise économique sans précédent, Jean-Claude Casadesus lance un appel à Pierre Mauroy, alors Maire de Lille, qui voit en l’Orchestre de l’ORTF un projet ambitieux pour la ville et pour la région. D’abord baptisé Orchestre Philharmonique des Flandres, il devient, sur décision de Valéry Giscard d’Estaing, Orchestre National de Lille. Dvorak (Concerto pour violoncelle) et Moussorgski (Tableaux d’une exposition) sont au cœur du premier concert officiel du 3 janvier 1976, avec la participation exceptionnelle de Mstislav Rostropovitch qui annule un récital pour venir jouer à Lille. Très rapidement, l’orchestre se développe, se dote d’un vrai projet artistique mais aussi pédagogique et social, poursuit l’exploration de tous les répertoires tout en gardant à l’esprit l’idée fondatrice : porter la musique partout où elle peut être reçue. D’ailleurs, Jean-Claude Casadesus aime rappeler une conversation avec un chauffeur de taxi qui, après avoir demandé la profession du maestro, indique : « Ah, ça ce n’est pas pour nous. » Depuis, le chef fondateur n’a cessé d’exporter la musique là où on ne l’attend pas, au risque de casser les codes, pour contredire cette affirmation : usines, prisons, ports, comités d’entreprises, stades… en la rendant ainsi accessible à tous. Puisque le paysage musical devait être entièrement réinventé, l’orchestre a profité d’une très large liberté d’action, notamment en devenant pionnier dans des domaines hétéroclites tels que l’éducation, les voyages, la diffusion… C’est ainsi que le premier disque de l’orchestre consacré à Henri Dutilleux remporte le prestigieux prix Charles Cros tandis qu’en 2015, l’ONL s’est doté d’un tout nouveau studio numérique, studio que seuls deux orchestres possèdent au monde. Aujourd’hui, l’Orchestre National de Lille, c’est 100 musiciens, plus de 100 concerts par saison, 200 000 auditeurs, 5000 abonnements, un auditorium entièrement rénové depuis 2013 et considéré comme l’une des plus belles acoustiques européennes, un Festival pianistique déployé dans toute la région qui réunit chaque année près de 40 artistes et 15 à 20 000 spectateurs. Pour la saison anniversaire, quatre temps forts sont à noter au calendrier : les 13 et 14 novembre, l’ONL jouera deux œuvres de Stravinsky (Scherzo fantastique et L’Oiseau de feu) dans une toute nouvelle salle, Le Grand Sud, en étroite collaboration avec la Compagnie Melting Sport dirigée par Farid Berki. Une rencontre entre un compositeur qui a révolutionné la musique de ballet et un chorégraphe qui ne cesse de développer le langage du corps à travers les danses hip hop et contemporaine. Du 20 au 21 novembre, Jean-Claude Casadesus reprendra la baguette pour la Symphonie n°2, « Résurrection » avec le Chœur Philharmonique Tchèque de Brno, Olena Tokar (Soprano) et Hermine Haselböck (mezzo). Autre temps fort avec le traditionnel concert de Noël, qui réunira Jean-Claude Casadesus et la soprano Véronique Gens dans des œuvres d’Offenbach, Heuberger, Johann Strauss fils et Lehar. Un concert orienté vers la modernité à nouveau, avec la participation du dessinateur François Boucq qui alliera l’univers graphique de la bande dessinée à l’opérette. Les Plasticiens volants apporteront quant à eux une dimension mouvante et légère avec des géants en matière plastique. Enfin, le 19 mars, un cross over sous la forme d’un concert participatif réunira de nombreux amateurs de la région et l’ONL pour une création d’Alexandros Markeas. Dans l’idée d’une grande fête autour d’éléments unificateurs, Markeas imagine ici une manière de faire cohabiter toutes sortes de disciplines, d’idées et de contrastes, « un nouveau vivre ensemble » en soit.
De toute évidence, l’Orchestre National de Lille a prévu pour ses 40 ans une année particulièrement festive, tournée vers la jeunesse et la création, avec des temps forts et des rendez-vous à ne pas manquer.
Ayrton Desimpelaere
Lille, Nouveau Siècle, le 5 novembre 2015

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