Rachmaninov, l’effet Abduraimov
Serge Rachmaninov (1873-1943) : Concerto n°3 pour piano et orchestre en ré mineur, Op.30. Piotr Illich Tchaïkovski (1840-1893) : Nocturne Andante sentimentale” des Six Morceaux, Op.19. Behzod Abduraimov, piano ; Royal Concertgebouw Orchestra, Valery Gergiev. 2017-Notice en anglais, allemand, français et néerlandais-45’36. RCO 19003
Behzod Abduraimov n’est plus foncièrement un talent à découvrir. Âgé de 30 ans et lauréat de concours à l’orée des années 2000, s’il est désormais un pilier du milieu musical, sa présence en enregistrement était cependant relativement faible au regard de sa notoriété : seuls deux disques Decca publiées en 2012 et 2014. Dans ce contexte, cette captation de concert du “Rach 3” est à marquer d’une pierre blanche.
En effet, le pianiste surprend par son approche à la fois maîtrisée et toute en dialogue avec l’orchestre. Dès le premier mouvement, le tempo est mesuré et Behzod Abduraimov impose une pâte velourée et très contrôlée, dans une certaine retenue. Rachmaninov n’est ici jamais clinquant ni démonstratif, mais il se ferait presque pudique dans sa saine musicalité. Bien évidemment, le musicien possède une technique d’acier lui permettant de surmonter les épreuves techniques de cette oeuvre, mais cela ne sonne jamais virtuosement faux et creux. On est loin, très loin, du grossier d’une Khatia Buniatishvili ou de la lourdeur démonstrative de Denis Matsuev. Valery Gergiev est ici un accompagnateur idéal qui suit avec attention et finesse son pianiste au pupitre d’un Orchestre Royal du Concertgebouw d’Amsterdam naturellement superbe.
En bis, Behzod Abduraimov donne un “Nocturne Andante sentimentale” des Six Morceaux de Tchaïkovski suspendu dans le temps.
S’il y a certes des interprétations légendaires et insurpassables, cette lecture en finesse et élégance est une des plus belles réussites récentes. On regrette juste une prise de son de concert trop peu nette et précise.
Son : 8 Livret : 10 Répertoire : 10 Interprétation : 10