Rachmaninov par John Wilson 

par

Serge Rachmaninoff (1873-1943) : L'île des morts en la mineur, Op.29 ; Vocalise, Op.34 n°14 en mi mineur (orchestration du compositeur), Symphonie n°3 en la mineur, Op.44. Sinfonia of London, direction : John Wilson. 2021. Livret en anglais, français et allemand. 67’47’’. Chandos. CHSA 5297.

Pas de répit pour l'infatigable John Wilson et ses fabuleux musiciens qui nous offrent un nouvel album superlatif quelques semaines après leur triomphe dans un enregistrement de musiques de film de la période-phare de Hollywood. 

Ce nouveau disque confronte deux oeuvres de Rachmaninov qui partagent la même tonalité de la mineur, le poème symphonique l'Île des morts d’après le célèbre tableau du peintre allemand Böcklin et l’ultime symphonie du compositeur composée pour le Philadelphia Orchestra et créée sous la direction de Leopold Stokowski.  Outre le point commun de la tonalité, ces deux partitions sont des œuvres de démonstration tant pour l’orchestre que le chef. 

Dès les premières minutes de l’Ile des Morts,John Wilson parvient à imposer le climat idéal du flot des vagues et du ressac menant au lieu insulaire et à déchaîner les houles orchestrales. La prise de son, foncièrement géniale, nous plonge au coeur d’un orchestre chauffé à blanc et d’une formidable richesse de timbres et de couleurs. John Wilson et ses Londoniens imposent une lecture qui se place aux sommets de la discographie aux côtés de celles de Fritz Reiner à Chicago (RCA) et de  Vladimir Ashkenazy à Amsterdam (Decca). On ne sait qu’admirer : la finesse des pupitres ou la force des dynamiques ! 

On reste sur les mêmes cimes avec une Symphonie n°3 superbe de couleurs et de narrations. John Wilson sait trouver le ton juste, évitant toute romantisation excessive ou une lecture purement instrumentale et distancée. L'orchestre est évidemment au rendez-vous sous cette direction allante et nerveuse qui fait briller cette partition au rang des chefs d'œuvres. 

Entre ces deux maelströms orchestraux, la légendaire Vocalise, donnée ici dans l’orchestration du compositeur, est une transition idéale, d’autant plus que John Wilson évite toute miévrerie qui galvaude si souvent cette partition. 

Un album encore essentiel d’un tandem artistique magique ! Les amoureux d’orchestre et de prise de son de démonstration ne pourront pas faire l’impasse sur cette nouvelle immense réussite. 

Son : 9  Notice : 10  Répertoire : 8,5  Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot

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