Reconstitution d’un office vespéral à Liège au crépuscule de la Renaissance

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Ad Vesperas. Lambert de Sayve (1548-1614) : Laetatus sum in his ; Nisi Dominus ; Lauda, Ierusalem, Dominum ; O admirabilis commercium ; Magnificat. Et alii. Ensemble Polyharmonique, Alexander Schneider. Fabien Moulaert, orgue, Concerto Imperiale. Livret en français, anglais, néerlandais, allemand. Octobre 2021 & février 2022. TT 68’50. Musique en Wallonie MEW 2201.

Les archives de l’Université et du Conservatoire de Liège alimentent en partitions rares cette reconstitution d’un office de vêpres, autour du compositeur Lambert de Sayve, maître de chapelle à la Cour de Matthias de Habsbourg (1557-1619). En septembre 2006, Jean Tubéry, La Fenice et le Chœur de Chambre de Namur s’étaient déjà aventurés dans une reconstitution d’une messe du sacre, autour des motets que de Sayve écrivit dans le style polychoral vénitien. Son Magnificat (plage 20), conservé à la Bibliothèque Nationale de Ljubljana, figure parmi les pièces ici enregistrées pour la première fois, et justifie la place de cet album dans la « collection inédits » du défricheur label wallon.

Rappelant le dynamisme d’une cité regorgeant d’églises et d’abbayes, que l’époque qualifia de « paradis des prêtres », et avérant le rôle central de la cathédrale et de son évêque, le Grand Livre de Chœur de Saint-Lambert fournit le programme par des motets et antiennes issus de la plume de Gilles Hayne, Léonard de Hodemont, Lambert Coolen, Henri de Remouchamps. Autre précieux vestige patrimonial de la vie musicale liégeoise à la charnière de la Renaissance et du Baroque, le Livre d’orgue des frères croisiers abonde le parcours par trois pièces non liturgiques, dont des unica de Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621) et Peter Philips (1560-1628), dans le genre de la Fantaisie et de l’Écho qui fait dialoguer les claviers. Des intermèdes ici fort bien servis par Fabien Moulaert, hélas capté en retrait, sans grand relief.

Enregistrée à Saint-Sébastien de Stavelot et Saint-Jacques de Liège, l’interprétation valorise le soin qu’Alexander Schneider et ses huit équipiers (sopranos, altos, ténors et basses par deux) accordent à la réalisation du plain chant et de la polyphonie vocale, rehaussée par les souffleurs (cornet, douçaine, sacqueboute) du Concerto Imperiale. Chaleur et rayonnement auraient gagné à se faire plus charismatiques. L’enthousiasme d’une telle exhumation n’est pas toujours palpable. Mais on salue un fin travail d’orfèvre, à l’instar du buste-reliquaire reproduit en page 35 d’un livret précieusement iconographié et expertement documenté, comme toujours avec cet éditeur.

Son : 8 – Livret : 10 – Répertoire : 8,5 – Interprétation : 8,5

Christophe Steyne

 

 

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