Scènes symphoniques du Kalevala 

par

Leevi Madetoja (1887-1947) : Kullervo, Op.15 ; Uuno Klami (1900-1961) : Kalevala Suite, Op.23 ; Jean Sibelius (1865-1957) : Lemminkäïnen à Tuonela, Op.22 N°2 (version de 1897) ; Tauno Pylkkänen (1918-1980) : Kullervo part à la guerre. Lahti Symphony Orchestra, Dima Slobodeniouk. 2017 et 2018. Livret en : allemand, anglais et français. 70’43’’. BIS 2371. 

L’épopée mythologique finnoise du Kalevala avec ses héros légendaires Kullervo ou Lemminäïnen est une source d’inspiration majeure pour les compositeurs finlandais. Si les œuvres de Jean Sibelius sont les plus connues, tant d’autres musiciens s’en sont inspirés à travers les générations. L’intérêt de cet album BIS est de nous faire découvrir des partitions rares dans nos contrées. 

Brillant symphoniste, Leevi Madetoja est représenté par son Kullervo de 1913, une partition puissante et dramatique qui allie brio orchestral et belles mélodies. Uuno Klami est un compositeur au parcours intéressant car après des études à Helsinki, il se rend à Paris et Vienne pour se perfectionner et découvrir des esthétiques alors inconnues en Finlande. Sa suite sur le Kalevala est bigarrée et contrastée avec de multiples influences selon les épisodes : motorique stravinskienne, sens des couleurs ravélien ou opulence orchestrale cousine des œuvres du jeune Schoenberg, le tout avec une touche personnelle qui donnerait l’impression que Sibelius a rencontré Janáček. C’est certes très hybride mais intéressant et personnel. On saute une génération avec Tauno Pylkkänen et son  Kullervo part à la guerre (1942), oeuvre de jeunesse brillante d’un jeune compositeur qui témoigne déjà d’un sens impressionnant de l'écriture orchestrale tout en restant dans une filiation naturaliste et sibélienne dans ses couleurs.    

Un portrait symphonique du Kalevala ne serait pas possible sans la présence de Sibelius. Dima Slobodeniouk et son orchestre de Lahti ont retenu la version 1897 de Lemminkäïnen à Tuonela, l’un des quatre morceaux de la suite éponyme.  Trois versions existent de cette partie : 1895, 1897 et 1939. Cette version 1897, proposée en première mondiale, est plus courte que celle de 1895 mais sans les modifications d’orchestration de la révision de 1939. 

Tout au long de ce programme, le chef d’orchestre Dima Slobodeniouk et son orchestre de Lahti sont excellents, cernant avec style les différentes esthétiques. Le son BIS est encore une fois magistral et nous place au coeur de l’orchestre. Un disque très réussi qui sort de l'ordinaire. 

Son : 10 - Livret : 10 - Répertoire : 10 - Interprétation : 10

Pierre-Jean Tribot   

 

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