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ICMA 2022 : le concert de gala à la Philharmonie de Luxembourg

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Ce jeudi 21 avril, à la Philharmonie du Luxembourg, se déroulaient la remise des prix et le concert de gala de l’édition 2022 des ICMA. Pour les non-initiés, les ICMA, ou International Classical Music Awards, sont des prix musicaux récompensant des labels, des ensembles, des musiciens et des chefs d’orchestres. Ces prix sont attribués par un jury indépendant composé des rédacteurs en chef de 19 magazines musicaux internationaux dont Crescendo Magazine.

La remise des prix s’est déroulée aux alentours de 17h dans la salle de musique de chambre de la Philharmonie. Présentée par Rémy Frank, président du jury des ICMA, elle fut ponctuée de discours de la part des gagnants venus nombreux pour recevoir leur prix des mains des membres du jury. Nous avons eu la chance d’être gratifiés de trois interventions musicales durant la cérémonie. La première fut assurée par le Boreas Quartett Bremen, lauréat du Early Music Award, qui nous a interprété Sermone blando de William Byrd. Par la suite, nous avons pu entendre deux fois l’Orchestre de l’Opéra de Versailles sous la direction de Stefan Plewniak. Ils ont représenté le label Château de Versailles Spectacles, lauréat du Label of the year Award. Ils nous ont tout d’abord interprété l’ouverture d’Il Vespasiano d’Attilio Ariosti ainsi que La spartana generosa : « Sagace è la mano » de Johann Adolf Hasse, qui fut l’occasion d’entendre la magnifique voix du contre-ténor Filippo Mineccia. Ils sont revenus plus tard pour offrir un extrait du Concerti di Parigi et « Siam Navi all’onde algesti » de l’Olimpiade, tous deux de Vivaldi, la dernière avec la mezzo-soprano Adèle Charvet.

Après cette magnifique cérémonie pleine d’émotions, nous avons eu l’immense chance d’assister au plus long, et sûrement au plus ambitieux, concert de gala organisé par le jury des ICMA. Au programme, deux heures et demi de concert, deux orchestres et un ensemble, six chefs d’orchestres et de nombreux lauréats sur la scène du grand auditoire de la Philharmonie du Luxembourg.

Julian Kainrath, prix découverte des ICMA 2022

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Le violoniste Julian Kainrath a remporté, à seulement 17 ans, le Prix "Découverte" des International Classical Music Awards 2022.  A l’occasion du gala 2022 des ICMA, il interprètera l’Introduction et Rondo capriccioso de Saint-Saëns avec  l'Orchestre Philharmonique du Luxembourg dirigé par Ádám Fischer. Le jeune homme répond aux questions de notre confrère Nicola Cattò (Musica, Italie) 

Vous êtes né dans une zone frontalière, entre différentes langues (l'italien, l'allemand, et l'espagnol de votre mère bolivienne) et des cultures parfois éloignées. Comment avez-vous vécu ce fait ? Était-ce un enrichissement ou une difficulté ?

C'est vrai, ma mère est sud-américaine et je parle espagnol avec elle ; mon père est de Bolzano, à la frontière entre l'Autriche et l'Italie, et je parle allemand avec lui, tandis que mes parents utilisent l'italien entre eux ! Pour cette raison, je suis d'avis que toute approche d'autres cultures enrichit les artistes, les musiciens. Mais pas seulement, elle enrichit tout être humain. Chacun devrait s'intéresser aux cultures éloignées de la sienne. J'ai connu cette diversité depuis que je suis enfant, cela a toujours été quelque chose de naturel pour moi.

Dans quelle mesure vous sentez-vous plus autrichien ou d'Europe centrale, et dans quelle mesure êtes-vous italien ?

Cette question de l'identité est compliquée. Je n'ai pas le sentiment d'appartenir à une nation mais à un continent, l'Europe, et ce d'autant plus dans un moment aussi difficile que celui que nous vivons. Je me sens représenté par les valeurs européennes.

Vos deux parents sont des professionnels de la musique, vous avez donc grandi dans cet univers. Comment avez-vous choisi le violon ?

C'est ma mère qui me l'a suggéré, car c'était l'un des instruments les plus confortables à transporter ! Plus sérieusement, j'ai commencé à l'âge de six ans, et petit à petit, je me suis passionné pour cet instrument. J'ai surmonté des moments de doute, qui sont naturels et nécessaires, mais à 13-14 ans, j'ai compris qu'avec le violon je pouvais exprimer ce que j'ai en moi, et que ce serait mon métier.

Vous avez étudié avec Dora Schwarzberg, une représentante typique de l'école russe du violon. Que vous a-t-elle enseigné ?

J'ai commencé à travailler avec elle quand j'étais enfant, vers l'âge de neuf ans. J'ai appris d'elle un véritable amour de la musique, du jeu et du plaisir d'écouter. Elle organisait des concerts le soir chez elle, où je rencontrais des artistes, des musiciens, des peintres, des intellectuels, des jeunes gens talentueux : j'étais un enfant et je bénéficiais d'un privilège unique. Bien sûr, elle m'a donné beaucoup d'expérience technique et pédagogique, mais surtout elle m'a fait comprendre que la musique est une belle chose, pas une contrainte ou une imposition.

Ádám Fischer, une carrière musicale 

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Le chef d’orchestre Ádám Fischer est le lauréat 2022 d’un prix pour l’Ensemble de la carrière des International Classical Music Awards. Véritable entrepreneur de la musique, il est l’auteur d’une discographie impressionnante en quantité et en qualité. Le maestro s'est entretenu avec Csabai Máté de Papageno, membre hrongrois du jury ICMA, sur l'enregistrement et ses compositeurs préférés.

Félicitations pour votre prix qui récompense l'ensemble de votre carrière ! L'œuvre n'est pas mince, même si l'on ne considère que les enregistrements que vous avez réalisés ! 

Maintenant vient la question de savoir ce que je pense de ce prix. Ce serait bien, mais je préfère regarder vers l'avenir plutôt que vers le passé. J'en ai fini avec le passé. Je n'aime pas non plus réécouter mes enregistrements car tout ce que j'entends, c'est ce que je n'ai pas fait correctement. J’aime mieux de ne pas les écouter. Mais l'avenir ! Cela m'excite beaucoup plus. Bientôt, je recommencerai à enregistrer une série de symphonies de Haydn, alors disons que je vivrai deux fois, car je les ai déjà toutes enregistrées une fois. Bien sûr, ce que le prix ICMA Lifetime Achievement Award signifie, c'est que les gens apprécient ce que je fais, et cette pensée me fait me sentir un peu mieux. J'ai envie de travailler.

Avez-vous déjà compté le nombre de disques que vous avez réalisés ?

Non. Il y en a certains que je ne connais même pas. Dans les années 80, la maison de disques hongroise Hungaroton faisait ce qu'on appelle du "travail sous contrat" pour CBS, car il était moins cher d'enregistrer à Budapest qu'en Occident. Normalement, il est bon que le nom des interprètes et du chef d'orchestre soit inscrit sur les enregistrements, mais parfois ce n'est pas le cas. Nous les faisions et ensuite nous ne les revoyions plus.

Avez-vous le souvenir d'avoir tenu en main votre tout premier disque avec votre nom dessus ?

Bien sûr ! C'était en 1976. Nous avons enregistré un album de Haydn publié par Hungaroton à Budapest, avec deux oeuvres : les Symphonies n°88 et n°100. J'avais vingt-six ans et je venais de rencontrer celle qui allait devenir ma femme. Ma belle-sœur, ou plutôt la femme qui est devenue plus tard ma belle-sœur, a fait remarquer que je ne m'étais pas rasé correctement pour la photo. Depuis, j'ai une barbe blanche qui ne se voit pas trop quand je ne suis pas rasé. La vieillesse a donc ses avantages, vous voyez.

Écoutiez-vous des disques lorsque vous étiez enfant ?

J'avais douze ou treize ans lorsque mon père nous a acheté notre premier tourne-disque. C'était un grand événement et un grand luxe. À l'époque, un seul voisin avait un poste de télévision et tout le monde autour allait le regarder. Nous n'avions pas beaucoup de disques et ceux que nous avions, nous les réécoutions en boucle. Mais avec précaution car, comme on le disait, à chaque écoute, la bakélite se détériorait. Au programme nous avions le Concerto pour deux violons de Vivaldi, des œuvres de Bach, des extraits de La Flûte enchantée et, plus tard, Le Songe d'une nuit d'été. Cependant, mes expériences musicales les plus mémorables ont eu lieu lorsque nous sommes allés à l'Opéra. 

Beethoven par Ádám Fischer : enregistrement de l'année du jury des ICMA

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Normalement, lors de la cérémonie de remise des prix qui devait se tenir à Séville aujourd'hui, 30 avril, le jury des International Classical Music Awards aurait dû annoncer le gagnant du Prix de l'enregistrement de l'année. Cet enregistrement de l'année est sélectionné parmi les gagnants des différentes catégories audio et vidéo. Or, la cérémonie de remise des prix et le concert de gala ayant été annulés, le Jury communique cette annonce par Internet.

Le prix est décerné au gagnant de la catégorie musique symphonique :

Ludwig van Beethoven : Complete Symphonies.  Sara Swietlicki, Morten Grove Frandsen, Ilker Arcayürek, Lars Møller, Danish National Concert Choir. Danish Chamber Orchestra, Ádám Fischer.Naxos 8.50 5251

 

 

Beethoven et les poissons rouges : à propos Teodor Currentzis et de l’interprétation de la "Symphonie n°5"

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La fraîche sortie d’une Symphonie n°5 de Beethoven sous la baguette du “trublion” Teodor Currentzis au pupitre de son orchestre MusicAeterna (Sony) fait perdre pieds et raison à bon nombre de gens, y compris à des professionnels du milieu musical ! Juste déposée sur les plateformes (car du fait du confinement, il n’arrive plus grand chose dans les bacs des disquaires), cette interprétation conduit certains commentateurs à vider les dictionnaires à coup de superlatifs ! Pour sûr, nous serions en présence d’une relecture qui “révolutionne” et “réinvente” l’interprétation de cette symphonie “iconique” ou “cultissime” comme on dit désormais en langage de néo-marketing vide (Beethoven ça déchire grave !), “dépoussiérant” comme jamais ce chef d’oeuvre galvaudé par tant d’interprétations dépassées, surannées ou noyées sous la surcouche d’une tradition (fantasmée) pachydermique.  

L’essentiel est garder un peu de sérieux et de remettre cela en contexte. La première gravure de cette Symphonie n°5 est à mettre au crédit d’Arthur Nikisch et des Berliner Philharmoniker en 1913 (DGG). Cela fait donc 107 ans que l’on voit arriver des interprétations de cette symphonie du Grand sourd. Questionner la partition fait partie du travail quotidien des interprètes. De nombreux chefs ont, à leurs époques, apporté un vent de fraîcheur sur le matériau musical : Felix Weingartner et le British Symphony Orchestra avant même la Seconde Guerre mondiale, Hermann Scherchen et René Leibowitz dans les années 1950 et 1960 et bien évidement tous les “baroqueux” qui, à la suite de l’intégrale légendaire de Nikolaus Harnoncourt au pupitre du Chamber Orchestra of Europe (Teldec), ont poursuivi la recherche musicale : John Eliot Gardiner (Philips), Roy Goodman (Nimbus), Frans Brüggen (Philips), Roger Norrington (Warner), Christopher Hodgwood (Decca L'Oiseau Lyre), Martin Haselböck (Alpha) et même notre compatriote Jos van Immerseel (Zig Zag). Ce dernier basait son travail sur des recherches personnelles approfondies tant sur l’effectif instrumental que sur le diapason. N’oublions pas la somme magistrale gravée par David Zinman au pupitre de la Tonhalle de Zurich (Arte Nova), première gravure de l’édition critique Bärenreiter de Jonathan del Mar qui fit grand bruit dans les années 1990. Dès lors, il faut avoir une mémoire de poisson rouge pour envisager le travail de Currentzis comme “révolutionnaire”, tant le texte musical de Beethoven a déjà été questionné en long et en large ! 

ICMA 2020 : les vainqueurs !

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Le jury des International Classical Music Awards publie ce mardi 21 janvier les noms des lauréats 2020. Vous pourrez découvrir  la liste complète des vainqueurs, que ce soient les Prix Spéciaux ou les catégories régulières. 

Á l’occasion des 40 ans du label Ricercar, le jury a voulu rendre hommage à son fondateur, Jérôme Lejeune, en lui décernant un prix spécial. Par son exigence et sa haute ambition, Ricercar, désormais membre du groupe Outhere, est un label exemplaire et indispensable aux mélomanes du monde entier. Deux générations d’artistes ont pu compter sur Ricercar pour s’affirmer au plus haut niveau. 

A la Scala, un ERNANI fascinant

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Un fond de scène avec fenêtres et portes en ogive, comme si l’on se trouvait au Teatro Farnese à Parme, d’imposantes quadratures de bois avec des roues pour actionner les décors « en dur », telle est la première image que nous offre cette nouvelle production de l’Ernani de Giuseppe Verdi, conçue par Sven-Eric Bechtolf dans des décors de Julian Crouch, des lumières de Marco Filibeck et des effets vidéo de Filippo Marta.

Nelson Freire : la noblesse du piano

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Camille SAINT-SAËNS
(1835 - 1921)
Concerto pour piano et orchestre n°2 en sol mineur Op.22
Edvard GRIEG
(1843 - 1907)
Pièces lyriques (extraits)
Franz LISZT
(1811 - 1886)
Rhapsodies hongroises n°5 et 10 – Polonaise n°2 en mi majeur
Nelson Freire, piano – Radio-Symphonie-Orchester Berlin, Adam Fischer, direction
2017 (1966-1986)-DDD-55’14-Textes de présentation en anglais et allemand-Audite-95.742