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Sir Simon Rattle face au destin tragique de Katya Kabanova 

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Leoš Janáček (1854-1928) : Katya Kabanova, opéra en trois actes. Amanda Majeski (Katya), Simon O’Neill (Boris), Katarina Dalayman (Kabanicha), Andrew Staples (Tichon), Ladislav Elgr (Kudryash), Magdalena Kožená (Varvara), Pavlo Hunka (Dikoy) ; London Symphony Chorus and Orchestra, direction Sir Simon Rattle. 2023. Notice en anglais, en français et en allemand. Livret complet avec traduction anglaise. 99’ 26’’. Un coffret de deux CD LSO Live LS00889. 

Jenůfa de Leoš Janáček à l'opéra de Flandres

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Le bonheur de voir, de revoir et de revoir encore une mise en scène qui exalte une œuvre elle-même exaltante : la Jenufa de Robert Carsen à l’Opéra des Flandres.

Dans la mesure où le répertoire lyrique, du moins tel qu’il est le plus souvent programmé, est un corpus plutôt limité, l’amateur d’opéra se réjouit d’entendre encore et encore un même catalogue d'œuvres. De retrouver tel ou tel air, tel ou tel duo, tel ou tel ensemble, tel ou tel trait instrumental ou intermède orchestral, qui le réjouissent en l’émouvant.

Beaucoup plus rarement, il peut éprouver le même bonheur en retrouvant à plusieurs reprises au fil des saisons la même mise en scène d’une même œuvre. Plusieurs sont ainsj devenues des mises en scène « de répertoire », et je pense à certaines de Zefirelli ou Strehler par exemple.

Ce bonheur, je l’ai donc éprouvé avec la reprise, à l’Opéra des Flandres, de la Jenůfa de Leoš Janáček, telle que lui a donné vie scénique Robert Carsen. Une mise en scène créée en 1999, reprise en 2004, en 2007 et aujourd’hui.

Jenůfa, la jeune femme trahie par son promis Steva ; défigurée par cet autre, Laca, qui l’aime éperdument, fou de jalousie ; recluse avec son nouveau-né secret. Jenůfa ou le sacrifice de cette femme, la sacristine, qui fait disparaître le nourrisson. Jenůfa ou la rédemption finale et la (ré)union de Jenufa et Laca

A Anvers, la représentation s’est achevée une fois de plus dans l’enthousiasme d’un public conquis. Pourquoi cette adhésion heureuse au long cours ?

A Genève, une saisissante Lady Macbeth de Mtsensk  

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En 2014, alors qu’Aviel Cahn était directeur de l’Opéra des Flandres, Calixto Bieito collaborait avec le chef d’orchestre Dimitri Jurowski pour présenter Lady Macbeth de Mtsensk de Chostakovitch avec Aušrine Stundyte dans le rôle de Katerina Ismailova et Ladislav Elgr dans celui son amant, Sergueï. Neuf ans plus tard, le metteur en scène et les deux chanteurs se retrouvent au Grand-Théâtre de Genève pour reprendre cette production, tandis que, dans la fosse d’orchestre, figure le chef argentin Alejo Pérez qui oeuvra ici avec le régisseur pour Guerre et Paix en septembre 2021. Et la réussite de cette seconde entreprise longuement mûrie dépasse toutes les espérances par son indéniable achèvement.

Créée au Théâtre Maly de Leningrad le 22 janvier 1934 sous la direction de Samuel Samossoud, l’œuvre est représentée quatre-vingts fois à Leningrad, près de cent fois à Moscou, avant que ne soit publié Tohu-bohu à la place de la musique, article incendiaire de la Pravda qui marque son interdiction voulue par Staline. Préalablement pour une présentation, le compositeur écrivait : « Même si Katerina Lvovna est une meurtrière, elle n’est pas une ordure… Sa vie est morne et inintéressante. Alors entre dans sa vie comme un amour. Et cet amour vaut un crime pour elle… Au nom de l’amour, elle est capable de tout, même du meurtre ».

A Genève, une Jenůfa à demi réussie  

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Depuis mars 2001, lorsque les représentations avaient été dirigées par Jiří Kout , la Jenůfa de Leoš Janáček n’avait pas reparu à l’affiche du Grand-Théâtre de Genève. Vingt-et-un ans plus tard, une nouvelle production en est confiée à la Berlinoise Tatjana Gürbaca qui vient de mettre en scène La Petite Renarde rusée à Brême et Katja Kabanova à la Deutsche Oper am Rhein de Düsseldorf. A Genève, elle joue la carte de la simplicité en demandant au scénographe Henrik Ahr un décor unique pour les trois actes consistant en une structure de bois vernissée qui, observée de loin, donne l’impression d’être la maisonnette isolée de tout voisinage où les passions s’exacerbent. Un gigantesque escalier montant jusqu’aux cintres occupe le plateau. Mais le large espace qui sépare chaque marche oblige toute personne qui veut l’escalader à s’y jucher avec un stoïque courage.

En ce monde clos où chacun vaque à ses obligations sans se préoccuper de sa tenue dont la costumière Silke Willrett mêle communément les couleurs ternes, l’omniprésence de la vieille Buryja, personnage d’habitude sacrifié, révèle d’emblée qu’elle est la propriétaire du moulin et que c’est elle qui tient les cordons de la bourse. Si elle n’a aucun égard ni pour Kostelnicka, sa belle-fille, ni aucune tendresse pour Jenůfa, issue d’un premier mariage de l’un de ses fils mort à la guerre, elle n’a d’yeux que pour ses petits-fils, Laca Klemen et Steva Buryja, son préféré. Jenůfa a fauté avec lui et tente de cacher le fait qu’elle est enceinte. Et la mise en scène insiste sur cette culpabilité d’où découle implacablement l’enchaînement sordide des faits, la lâcheté de Steva, incapable d’assumer sa paternité et préférant épouser Karolka, la fille du maire, l’acceptation de Laca de s’unir à une Jenůfa dont il a mutilé le visage, l’horrible geste de la Kostelnicka qui a noyé le nouveau-né. Faut-il en arriver au dernier acte pour voir rutiler, sous les lumières de Stefan Bolliger, les costumes de fête que revêtent tant le futur marié que les habitants de ce village de Moravie, tandis que la future épouse et sa belle-mère conservent le noir, pressentiment du sinistre dénouement. Et la pauvre Jenůfa

bercera le cadavre dénudé de son enfant extirpé de l’étang glacé, tout en pardonnant à Kostelnicka qui, confrontée à une situation inextricable, a cru bien faire. 

Une traînée dans la boue

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Lady Macbeth du district de Mtsensk de Chostakovitch
Le public belge attendait avec impatience la nouvelle production de Calixto Bieito après sa sulfureuse Mahagonny de 2011, foisonnante d'invention, hystérique et provocante sans doute, mais toujours en situation.