Triomphe du Royal Concertgebouworkest à Luxembourg

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Ce lundi 16 décembre, le Royal Concertgebouworkest se produit à la Philharmonie du Luxembourg. L'orchestre néerlandais est dirigé par son chef invité d'honneur, Iván Fischer, avec la participation de la pianiste portugaise Maria João Pires. Le programme de la soirée comprend la pièce Entr’acte d’Alphonse Diepenbrock, le Concerto pour Piano n°9 en mi bémol majeur, KV 271, dit « Jeunehomme » de Mozart, ainsi que la Symphonie n°8 en sol majeur de Dvořák.

Le concert débute avec Entr’acte, extrait de la suite Marsyas du compositeur néerlandais Alphons Diepenbrock. Ce morceau a été choisi par l’orchestre pour rendre hommage au patrimoine musical néerlandais. Entr’acte est le deuxième mouvement d’une suite inspirée de la comédie Marsyas du poète néerlandais Balthazar Verhagen (1881–1950), qui reprend le mythe grec du concours musical entre le dieu Apollon et le satyre Marsyas. Dans cette œuvre, l’influence de compositeurs comme Wagner, Mahler, Richard Strauss et Debussy est perceptible. Il n’y a pas de thèmes ou de mélodies particulièrement marquants, mais c’est la souplesse de l’arabesque « fin-de-siècle » qui prédomine. La ligne formelle se déploie avec grâce, alternant des sommets de plus en plus intenses, une exaltation croissante, avant de céder à une langueur apaisée. Une belle introduction, donc, avant de poursuivre la soirée.

Ensuite, place à l’emblématique Concerto pour Piano n°9 en mi bémol majeur, KV 271, dit « Jeunehomme », de Mozart. Composé en janvier 1777, pendant la période salzbourgeoise du compositeur, ce concerto en trois mouvements dure environ 10 minutes de plus qu’un concerto traditionnel de l’époque.

C’est la pianiste portugaise Maria João Pires que nous retrouvons en soliste pour interpréter ce concerto. Son jeu pur, sans artifices, son utilisation mesurée de la pédale et sa musicalité raffinée offrent une véritable leçon stylistique sur la manière d’interpréter ce concerto. Les premier et troisième mouvements révèlent sa virtuosité, tandis que le second mouvement déploie une beauté toute particulière. Le menuet dansant du troisième et dernier mouvement est également un moment d’une grande légèreté, le tout interprété avec une humilité remarquable. L’accompagnement de l’orchestre est exemplaire : les musiciens sont à l’écoute, offrant une palette de nuances parfaitement ajustées à chaque passage. Fischer dirige les musiciens avec une attention particulière pour la soliste, assurant ainsi une connexion fluide entre eux. De plus, la précision des cordes et la justesse des vents sont irréprochables. Les cordes, au sein de chaque section, utilisent une qualité et une vitesse d’archet homogènes, créant un son chaleureux et parfaitement cohérent. Cette prestation impressionnante est chaleureusement saluée par le public.

Après l'entracte, place à la Symphonie n°8 en sol majeur de Dvořák. Composée en 1889, cette œuvre revendique la force créative des compositeurs tchèques, qui étaient souvent considérés comme de simples « exécutants » plutôt que comme des créateurs. Dvořák prouve, avec cette symphonie, que la composition tchèque peut rivaliser avec celle des grandes nations musicales. L’orchestre du Concertgebouw livre une prestation de très haute qualité, avec une recherche constante du détail et une excellence des nuances. Le son des cordes, à la fois chaleureux et brillant, est particulièrement saisissant, tandis que l’harmonie fait preuve d’une justesse, d’une précision et d’une musicalité remarquables. Citons notamment le magnifique solo de flûte dans le dernier mouvement, ainsi que l’introduction triomphante des trompettes. L'écoute mutuelle entre les musiciens de l’orchestre est également admirable. L'élément central de cette interprétation, cependant, reste Iván Fischer. Dirigeant la symphonie de mémoire, il entraîne l’orchestre dans une interprétation passionnée et parfaitement maîtrisée, connaissant chaque recoin de l’œuvre et sachant précisément où il veut mener les musiciens.

En conclusion, ce soir, l’orchestre du Concertgebouw est en état de grâce. Ce concert constitue sans doute l’un des moments forts de la saison à la Philharmonie du Luxembourg, comme en témoignent les applaudissements enthousiastes du public.

En bis, quoi de mieux qu’une Danse slave de Dvořák pour clore la soirée en beauté ? Iván Fischer choisit la Danse slave n°1, Op. 72, pour terminer ce concert sur une note joyeuse.

Luxembourg, Philharmonie, le 16 décembre 2024

Thimothée Grandjean, reporter de l’IMEP

Crédits photographiques : Philharmonie Luxembourg - Sebastien Grebille

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