Trois amours antiques, de Michel Petrossian

par

Michel Petrossian (1973-) : Trois amours. Musicatreize, Roland Hayrabedian. 41’42 – 2022 – Livret en : français, anglais. L’empreinte digitale. ED13262. 

Sa curiosité éclectique mène Michel Petrossian (1973-) de la peinture aux langues et civilisations anciennes (en passant par le violoncelle, la guitare et la composition) et exacerbe son goût du voyage-fusion entre géographie d’aujourd’hui et histoire d’(avant-)hier- il va et vient, des années durant, en Géorgie, Iran, Jordanie ou Ouzbékistan. Les Trois amours dont il est question dans ce disque monographique de sa musique vocale confiée à l’Ensemble Musicatreize, sous la direction de Roland Hayrabedian, documentent à leur façon l’immersion de Petrossian dans les racines civilisationnelles : Horae quidem cedunt…, pour douze voix mixtes, s’articule à un texte latin de Virgile (et se joue d’une construction en double vis-à-vis avec un film) ; Amours sidoniennes, pour seize voix d’hommes et ensemble instrumental, s’amorce à partir d’une inscription en grec dans une grotte funéraire de Sidon (la capitale antique de la Phénicie), quatre lignes ornant une tombe, placées sous l’image d’un Cerbère et à l’interprétation équivoque -c’est l’ampleur même de l’incertitude qui titille l’imagination du compositeur- et Chanter l'icône, pour douze voix mixtes et deux sistres éthiopiens (un petit instrument aujourd’hui remplacé par le tambourin) naît comme la réanimation musicale d’une icône crétoise. En sept mouvements, cette dernière pièce est celle qui réussit le mieux à toucher l’auditeur, par la confrontation entre le retour aux sources sur lequel s’appuie Michel Petrossian (la liturgie mais aussi les références culturelles multiples) et le travail en collaboration multidisciplinaire qu’il orchestre avec les chanteurs et le chef, bien sûr, mais aussi avec le vidéaste et le scénographe (lors de la création de la pièce en 2018 à l'Auditorium du Petit Palais de Paris) -sans parler de l’impulsion, décisive pour le projet, de la conservatrice du fonds byzantin au Petit Palais-, mais surtout par le caractère imposant de la musique, plus expressive qu’originale, dans un disque où les chemins qu’emprunte l’inspiration du compositeur se révèlent plus tortueux qu’opérants.

Son : 7 – Livret : 8 – Répertoire : 6 – Interprétation : 7

Bernard Vincken

Roland Hayrabedian, dans les jardins de la musique de notre temps 

 

 

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