Un bel hommage à Dvorak

par
Dvorak

Antonin DVORAK
(1841 - 1904) 
Stabat Mater Op. 58
Czech Philharmonic, Prague Philharmonic Choir (Lukas Vasilek), Jiri Belohlavek, direction – Eri Nakamura, soprano – Elisabeth Kulman, mezzo-soprano – Michael Spyres, ténor – Jongmin Park, basse
2017-DDD-CD1 51’09 CD2 31’53-Textes de présentation en anglais, allemand et français-Decca-4831510DH

Voilà un Stabat Mater de bien belle facture. Cette page dramatique représentant la douleur d’une mère devant son fils sur la croix, bien qu’imaginée dans un contexte particulièrement sombre puisque Dvorak perd successivement ses trois enfants, permit au compositeur de se faire entendre et de bénéficier d’une réputation internationale d’envergure. Compositeur de talent, Dvorak a, à travers la découpe en dix numéros du texte de Jacopone da Todi, parfaitement su capter cette tristesse et la restituer de la manière la plus juste en musique. De forme libre (et très large), la pièce se compose de nombreux ensembles avec chœur à quatre voix, acteur à part entière ici, quatre solistes et orchestre. La plus grande réussite de cette œuvre est sans nul doute l’équilibre sur lequel repose le génie du compositeur. Et de fait, la première difficulté réside dans la compréhension de l’œuvre et de la manière dont va être structuré le discours qui pourrait vite s’avérer lourd et pesant. Quelques mois avant sa disparition, Jiri Belohlavek enregistre ce Stabat Mater au Dvorak Hall à Prague. Les attentes sont nombreuses et sont, pour la plupart, comblées. Bel équilibre entre les parties vocales et l’orchestre, chœur homogène, voix au plus proche du texte lui-même très clair, dialogue permanent… Du côté des solistes, le quatuor offre une large palette de couleurs et de dynamiques tant dans les ensembles que dans les pages solistes (excepté pour la soprano à qui aucun solo n’a été destiné). Timbres chaleureux et expressifs sans tomber dans l’exagération, des voix qui privilégient la beauté à la démonstration de force. A l’orchestre, s’apprécie notamment la clarté verticale (harmonique) dans une vue d’ensemble réfléchie. Tout est amené avec finesse, de la préparation des grands tuttis aux passages plus calmes. L’acoustique généreuse ne déstabilise pas le discours, du moins ne l’alourdit. On aurait peut-être imaginé le solo de basse un peu plus allant, même si la voix exceptionnelle de Jongmin Park permet cette longueur. Cela étant, il faut souligner la beauté de la section suivante, ce chœur de femmes juste accompagné de l’orgue, au caractère ici presque angélique. Quoi qu’il en soit, voilà un très beau travail d’ensemble, une vision claire et respectueuse du texte, une lecture réussie.
Ayrton Desimpelaere

Son 9 – Livret 10 – Répertoire 9 – Interprétation 9

 

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