Le Pelléas des temps modernes ?

par
Pelléas

Claude DEBUSSY
(1862 - 1918)
Pelléas et Mélisande
Magdalena Kozena (Mélisande), Christian Gerhaher (Pelléas), Gerald Finley (Golaud), Franz-Josef Selig (Arkël), Bernarda Fink (Geneviève), Joshua Bloom (le médecin et le berger), Elias Mädler (Yniold)
London Symphony Chorus,  Simon Hasley, London Symphony Orchestra, dir.: Sir Simon Rattle
2017-DDD-166'47''-Notice de présentation en anglais, français et allemande-Texte chanté en français, traduction en allemand-3 CD LSO Live et 1 BR Audio-LSO 00790

En avance sur l’année du Centenaire Debussy (2018), mais à temps pour fêter l’arrivée de Sir Simon Rattle à sa direction musicale de l’orchestre londonien, le label LSO live édite une interprétation de Pelléas et Mélisande captée sur la scène du Barbican Center en janvier 2016. Ce concert avait marqué les esprits par la qualité vertigineuse de la distribution avec quatre des meilleurs chanteurs actuels sous la baguette de l’un des meilleurs chefs actuels, immense connaisseur des modernités musicales.
Bien évidemment ; le résultat est, en partie, à la hauteur de l’enjeu, même si cette perfection stylistique bute sur certaines réserves ! Magdalena Kožená est une Mélisande plutôt sophistiquée dans son côté perfection glacée. Incomparable chanteur dans le lied, Christian Gerhaher est quant à lui un peu trop sur le côté sur-joué des mots, là aussi dans une certaine forme de sophistication intellectuelle, même si la conduite du chant et la beauté plastique de sa voix restent exceptionnelles. Gerald Finley se couvre de gloire par son engagement dramaturgique et la force théâtrale qu’il injecte dans Gollaud. Franz Josef Selig est un Arkel sombre et puissant même si la  ligne de chant n’est pas la plus séduisante. Mention très bien pour la Geneviève de Bernarda Fink et les autres comparses.
Au pupitre du London Symphony Orchestra, Sir Simon Rattle fait du Simon Rattle : la beauté froide du LSO saisit et encadre le drame avec une palette de nuances infinies et une intelligence musicale sans comparaison. Mais, à force de vouloir démonter l’œuvre en séquences et sous-séquences toutes fignolées dans les moindres détails, Sir Simon Rattle en perd quelque peu la logique d’ensemble. De plus, l’acoustique ultra-sèche et mâte du Barbican Center peine à rendre justice aux couleurs orchestrales de Debussy.
Au final certaines directions moins luxueuses s’avéraient plus impactantes et plus naturelles : Armin Jordan (à Monaco chez Warner) ou Serge Baudo (à Lyon pour Eurodisc). Du côté des versions grand luxe, on préfère toujours Karajan (Warner) et Abbado (DG).
La plus-value de ce coffret réside dans le soin éditorial : trois CD ou un Blu-Ray audio.
Pierre-Jean Tribot

Son 8 - Livret 9 - Répertoire 10 - Interprètes 9

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