Un chef d'œuvre post-baroque au Bach Heritage Festival

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Du 6 au 10 février dernier se tenait à BOZAR la troisième édition du Bach Heritage Festival. Philippe Herreweghe et le Collegium Vocale Gent, qu’il a fondé en 1970, avaient présenté en concert d’ouverture une série d’œuvres de Jean Sébastien Bach en parallèle avec la projection du film Lebenslicht. Le dimanche 10 février, ils étaient de retour, accompagnés cette fois par l’Orchestre des Champs-Elysées, ensemble lancé en 1991 à l’initiative de Philippe Herreweghe et d’Alain Durel, pour clôturer le festival avec l’oratorio Elias de Felix Mendelssohn Bartholdy.

La filiation entre Bach et Mendelssohn est très forte : ce dernier avait toujours bénéficié d’un large accès aux manuscrits du Cantor par sa mère et son professeur Karl Zelter, tous deux élèves de Kirnberger, lui-même disciple de Bach. A l’âge de 20 ans, il avait fait découvrir à ses contemporains la Passion selon Saint-Matthieu qui n’avait plus été jouée depuis sa création, Bach étant presque tombé dans l’oubli. Cette source d’inspiration irrigue une grande partie de son œuvre, ce qui lui vaudra des critiques virulentes et injustifiées de Richard Wagner, à savoir qu’il n’était bon qu’à recopier le langage musical des autres.

Mais, plus encore que l’influence de Bach, c’est celle de Georg Friedrich Haendel qu’on ressent dans Elias. Le choral luthérien, très présent dans Paulus (1836), son autre grand oratorio, n’y est quasiment pas utilisé.

Composé en 1846 sur une commande du festival de Birmingham, Elias est interprété ce soir dans sa version allemande créée en 1847, que Mendelssohn n’entendit jamais puisqu’il mourut la même année. Le livret, tiré principalement du Livre des Rois, dépeint la lutte du prophète de l’ancien testament Elie contre le roi, la reine et les fidèles du dieu Baal, qui tentent de détourner le peuple d’Israël de Jéhovah.

Les épisodes les plus dramatiques, comme la malédiction divine de la sécheresse ou la demande de mise à mort d’Elie par le peuple, sont illustrés par des chœurs saisissants, où on peut apprécier la sonorité à la fois puissante et transparente du Collegium Vocale sous la direction agitée de Philippe Herreweghe.

Soulignons les excellentes prestations des solistes Christina Landshamer (soprano), Gerhild Romberger (alto), Bernhard Berchtold (ténor) et André Schuen (baryton) qui incarne brillamment un Elie tour à tour impitoyable, plaintif, triomphant et désespéré.

Bruxelles, Bozar, 10 février 2019

Aline Masset, reporter de l’IMEP

Crédits photographiques : Michiel Hendryckx

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