Mahler n°3 d’ouverture  Monte-Carlo

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L'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo  ouvre la saison au Grimaldi Forum avec la monumentale Symphonie n°3 de Gustav Mahler.

C'est une des plus longues symphonies de tout le répertoire. Plus d'une heure quarante de musique. On l'entend rarement en concert, car la nomenclature orchestrale est impressionnante. L'Orchestre est au grand complet. Cordes, huit cors, quatre trompettes, quatre trombones, quatre clarinettes, quatre bassons, quatre hautbois, quatre flûtes, deux harpes, timbales, percussions...  Pour l'occasion, l’effectif instrumental est complété par les voix féminines du  CBSO Chorus de Birmingham composé d'une quarantaine de sopranos et d'altos, ainsi que d’une cinquantaine de jeunes chanteurs du Choeur d'Enfants de l'Académie Rainier III de Monaco ainsi que d’une soliste exceptionnelle la mezzo-soprano Gerhild Romberger, grande spécialiste de Mahler.

Kazuki Yamada dirige cette œuvre monumentale avec passion, énergie et finesse. Des plus subtils pianissimi aux forte colossaux, Il a un contrôle total de l'architecture de cette symphonie et l'orchestre répond magnifiquement en faisant vivre chaque note. Sa direction fait ressortir toutes les nuances des couleurs orchestrales, créant une expérience riche et immersive.

Le premier mouvement, d’une demi-heure, est un drame puissant, vivant dans ses détails, captivant dans son ensemble. Le Menuetto est abordé avec une certaine régularité et Yamada s’y montre décontracté et même délicat, même si les sections plus rapides sont très agiles. On peut admirer de nombreux solos bien interprétés, notamment ceux du premier violon Liza Kerob.

Dans le Scherzando, les rythmes sont très dynamiques. Les célèbres épisodes du cor de postillon sont exécutés avec magie depuis les coulisses par Matthias Persson, trompette solo de l'OPMC. Gerhild Romberger est à la fois éblouissante et émouvante dans le "Chant de Minuit" sur le texte de Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche. Le mouvement suivant " Bimm bamm" est frais et vif ; les chœurs sont radieux et splebdides. Comme le dit le texte tiré du Knaben Wunderhorn c'est la joie céleste.

Le finale s’ouvre avec ravissement. Tout au long de ce mouvement, l'OPMC offre un jeu souverain. La montée en puissance jusqu’à la fin est superbement gérée et la péroraison conclusive est tout simplement majestueuse.  Yamada a amené tous les éléments à un apogée vivifiant. L’ampleur du geste, la puissance de l’orchestre, la force des silences nous enthousiasment. Une maîtrise splendide de l'espace et du temps

Le chef observe un silence, permettant à l’énorme accord final de résonner et de s’éteindre, donnant ainsi au public le temps de réfléchir quelques instants au long voyage musical qu’ils viennent de vivre.  Une ovation debout de la part d'un public enthousiaste venu très nombreux couronne cette prestation magnifique.

Ce concert d’ouverture de saison était dédié à la mémoire de Franck Lavogez, basson solo de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo depuis 1995, décédé inopinément  le 26 août 2024

Monte-Carlo, Grimaldi Forum, 22 septembre 2024

Crédits photographiques :  Jean Louis Neveu

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