Un énergique Dixit Dominus sous les rênes de Bart van Reyn
Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Dixit Dominus HWV 32. Giovanni Battista Ferrandini (c1710-1791) : Il Pianto di Maria. Deborah Cachet, Rachel Redmond, soprano. Sophie Rennert, mezzo-soprano. Bart van Reyn, Vlaams Radiokoor, Il Gardellino Orchestra. Beniamino Paganini, orgue. Korneel Bernolet, clavecin. Giulio Quirici, luth. Mai 2022. Livret en anglais, français, allemand ; paroles en latin et italien, et traduction en anglais. TT 56’17. Passacaille PAS 1130
Après leur triomphe dans l’oratorio de la Résurrection de Carl Philipp Emanuel Bach, alors salué par notre magazine comme un des meilleurs disques commentés en l’année 2022, les mêmes troupes nous reviennent dans le célèbre et fougueux Dixit Dominus de Haendel. Sans atteindre la perfection de l’enregistrement de John Eliot Gardiner (Erato), flamboyant et immaculé, le Vlaams Radiokoor se distingue par son énergie (Dominus a dextris tuis ; Judicabit in nationibus), sa pulpeuse pâte chorale (trente chanteurs). Enflammé par des tempos d’incendie, jusqu’au Gloria Patri, et Filio qui trahit une exécution peut-être plus ardente que disciplinée : un tel zèle rivalise voire excède l’expression véhémente du jeune compositeur, malgré la verve qu’il entendait infuser à ce psaume 110.
En tout cas, comme à son habitude, l’orchestre Il Gardellino incarne un soutien de caractère, puissamment charpenté. Les voix charnues et lumineuses de Deborah Cachet et Rachel Redmond sont à l’avenant. Notons que l’aria Virgam virtutis tuae est ici confiée non à un contre-ténor mais une mezzo-soprano. On retrouve Sophie Rennert en soliste de Il Pianto di Maria, attribué à Giovanni Battista Ferrandini. Aucun point commun avec la première partie du programme, si ce n’est que cette cantate sacrée fut longtemps prêtée à Haendel, avant qu’on en restitue la probable paternité au compositeur vénitien.
Non point une rareté au disque, si l’on se souvient des remarquables contributions d’Anne Sofie van Otter (Marian Cantatas & Arias, Archiv Produktion, 1994) et Bernarda Fink (L’Oiseau-Lyre, 2009). La prestation souple et mordorée de Sophie Rennert, au grave somptueux, au medium velouté, habite les lamentations de la Vierge par une chaleureuse émotion, que relaye la direction attentive de Bart van Reyn. La plantureuse captation, au AMUZ d’Anvers, manquerait un peu de finesse, mais contribue à une écoute haute en couleurs et en relief.
Christophe Steyne
Son : 8,5 – Livret : 7,5 – Répertoire : 8-10 – Interprétation : 8 (Haendel) à 9