Un florilège du Baroque anglais autour d’un tombeau à la mémoire de Purcell

par

Dry those eyes. Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : Mister Baptist of France his Ground. Henry Purcell (1659-1695) : Dry those eyes ; Return fond muse ; With him he brings the partner of his throne ; Charon the peaceful shade invites ; Ground en sol mineur ; Sing, sing, ye druids. William Croft (1678-1727) : Chaconne en la mineur. Gottfried Finger (c1655-1730) : A Ground en la mineur. John Blow (1649-1708) : Dr. Blow’s Chaconne in Fa ut ; Ground en ut mineur. An Ode on the death of Mr. Henry Purcell. Jeremiah Clarke (c1674-1707) : Suite en sol mineur. Clint van der Linde, Michal Czerniawski, contre-ténor. Ann De Prest, Niele De Soete, soprano. Les Goûts-Authentiques. Jan Devlieger, flûte à bec, clavecin, orgue. Johanna Lambrechts, Patrick Denecker, flûte à bec. Thomas Langlois, théorbe. Rein Vermeulen, clavecin. Marian Minnen, violoncelle. Marjolein Gerets, basson. Juillet 2021. Livret en anglais, français, allemand ; paroles en anglais non traduit. TT 76’01. EtCetera KTC 1727

La traduction française (page 11) sème l’ambiguïté quand elle parle de « double » CD, alors qu’il faut comprendre « second ». Car celui-ci poursuit l’album In vain the am’rous flute (KTC 1694) qui était centré autour de la figure d’Henry Purcell. Le présent disque témoigne d’un autre aspect du Baroque anglais sous la restauration monarchique, et gravite autour de John Blow et quelques disciples, dont Purcell encore, mais aussi William Croft et Jeremiah Clarke. Avec pour titre « séchez vos yeux », le programme pourrait se concevoir comme un hommage à Purcell, d’autant qu’il inclut l’ode que son ami Blow dédia au jeune génie disparu. Dont on entend trois airs issus du recueil Orpheus Britannicus, et le Dry those eyes dans un accompagnement inauthentique pour flûtes à bec. Ces mêmes flûtes qui échoient d’un ground (Mister Baptist of France pour deux violons et basse) compilé par Henry Playford  (1688) et arrangé par Jan Devlieger qui l’attribue nonobstant à Lully. Similairement, le Ground en ut mineur se voit confié non aux cordes mais aux recorders.

La réalisation instrumentale est menée avec art. L’interprétation vocale de l’Ode se heurte pourtant au souvenir d’une éminente discographie, que ce soit chez les contre-ténors (Alfred Deller et John Witworth chez Vanguard en 1959, James Bowman et René Jacobs chez Seon en janvier 1973) ou chez les ténors (Rogers Covey-Crump et Charles Daniels chez Hyperion il y a trente ans déjà). Clint van der Linde et Michal Czerniawski fascinent par leur dosage des registres, même si leur science du falsetto est parfois en proie aux exigences de justesse et de plénitude de la voix de poitrine.

Dans la mesure où Gottfried Finger et Clarke composèrent des opus à la mémoire de Purcell (respectivement Farewell et Come, come along for a dance and a song), on se demande s’ils n’auraient pas mieux convenu pour homogénéiser la thématique de l’album, qui paraît un peu fourre-tout, ou patchwork comme on dit là-bas. Ce qui nous vaut du moins la découverte de la Suite en sol mineur archivée à Versailles. Elle est ici confiée à la flûte soprano par un Jan Devlieger poly-instrumentiste qui s’illustre aussi dans les pièces pour clavier, dont l’ambitieuse Chaconne de Blow. 

Son : 8,5 – Livret : 9 – Répertoire : 8-10 – Interprétation : 8

Christophe Steyne

 

 

 

 

 

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