Un Prokofiev lyrique

Serge PROKOFIEV
(1891 - 1953)
Concerto pour violon et orchestre n° 1 en ré majeur op. 19–Concerto pour violon et orchestre n° 2 en sol mineur op. 63–Sonate pour violon seul en ré majeur op. 115
Vadim GLUZMAN (violon), Estonian National Symphony Orchestra, dir. : Neeme JÄRVI
DDD-2016–60’ 21’’–Texte de présentation en anglais, allemand et français–BIS 2142

Les enregistrements des œuvres de Serge Prokofiev n’arrêtent décidément plus de se succéder, au point que les discophiles risquent d’en perdre la tête, tant le choix auquel ils sont confrontés est considérable. C’est le cas notamment des deux concertos pour violon et orchestre (le premier achevé en 1917, le second en 1935). Vers quel violoniste se tourner ? David Oistrakh, Ruggiero Ricci, Nathan Milstein, Pierre Amoyal, Cho-Liang Lin, Jasha Heifetz, Itzhak Perlman, Frank Peter Zimmermann, Claire Bernard… ? Impossible de trancher. Tous ces interprètes, chacun à sa façon, chacun selon ses options propres, ont magnifié ces deux œuvres, qui sont toutes les deux des hymnes passionnés à leur instrument de prédilection, deux grandes histoires d’amour, même si Serge Prokofiev a, on le sait, davantage écrit pour le piano. D’ailleurs, les passages où on ne l’entend pas y sont fort rares, et on se dit que les deux concertos pour violon et orchestre du compositeur russo-soviétique constituent presque des sonates pour violon seul accompagnées par un orchestre symphonique. Leur exécution par Vadim Gluzman – sur un Stradivarius confectionné en 1690 ! – est délicate et nuancée, et privilégie les phrasés lyriques, que Serge Prokofiev aime tellement et qu’on retrouve dans l’immense majorité de ses partitions. Mais peut-être manque-t-elle de pétulance, de mordant, d’explosivité. Pourquoi Neeme Järvi n’a-t-il pas poussé Vadim Gluzman sur cette voie ? La lassitude, après avoir réalisé près de quatre cents enregistrements discographiques ? Ce ne serait pas impossible.
Jean-Baptiste Baronian

Son 8 – Livret 7 – Répertoire 8 – Interprétation 8