Musiques de scène avec Neeme Järvi 

par

Ambroise Thomas (1811-1896) : Ouverture de Raymond ou le Secret de la Reine ; Daniel-François-Esprit Auber (1782-1871) : Ouverture de Fra Diavolo ou L’Hôtellerie de Terracine, S.18 ; François-Adrien Boieldieu (1775-1834) : Ouverture du Calife de Bagdad et de la Dame Blanche : Léo Delibes (1836-1891) : Scène du bal et vieille chanson de Le Roi s’amuse : Jules Massenet (1842-1912) : Espada. Estonian National Symphony Orchestra, Neeme Jarvi. 2018 et 2019. LIvret en anglais, français et allemand. 78’40’’. Chandos. CHAN 20151.

L'infatigable Neeme Järvi poursuit son exploration des répertoires symphoniques que d’aucuns considèreraient comme marginaux. Venant après un passionnant album consacré à des musiques françaises pour ballet, le vénérable chef et son orchestre estonien proposent un enregistrement de musiques de scènes françaises, tout en célébrant les anniversaires Auber et Delibes ! 

Au programme, de pétulantes ouvertes d’Ambroise Thomas, Daniel-François-Esprit Auber et François-Adrien Boieldieu, des festivals de couleurs orchestrales dansantes et bigarrées. On passe ensuite à Delibes et son élégante musique de scène du Roi s’amuse avant de se plonger dans l’imposant Espada dont Neeme Järvi nous fait ici écouter l’intégralité, utile perspective éditoriale après le récent album de Jean-Luc Tingaud qui proposait la suite.  

Bien évidemment, on pourra reprocher au chef un trait assez épais et une optique de gros son basé sur un orchestre en tutti. Il est évident qu’un François-Xavier Roth au pupitre des Siècles dynamiterait ces partitions comme personne. Mais formé à l’école russe et donc dans le respect de la musique de ballet, le chef sait faire sonner et virevolter ces musiques. On est ainsi admiratifs du respect du style et de l’esprit des ouvertures de Thomas, Aubert et du Roi s’amuse de Delibes. Espada de Massenet souffre un peu plus de cette optique un peu massive et Neeme Jarvi replace un peu trop cette oeuvre dans un contexte de début du XXe siècle, plus imposant dans son rendu orchestral.  

Dans tous les cas, ne boudons pas notre satisfaction d’entendre ces belles partitions, superbement enregistrées et défendues au panache par le chef au pupitre d’une phalange solide et vaillante. Le booklet signé de Nigel Simeone est un modèle d’érudition et de vulgarisation.         

Son : 9 – Livret : 10 – Répertoire : 9 – Interprétation : 9

Pierre-Jean Tribot

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.