Une altiste pour Michael Jarrell   

par

Michael Jarrell

Dans le cadre de sa série ‘Symphonie’, l’Orchestre de la Suisse Romande présente la première suisse d’Emergences-Résurgences de Michael Jarrell, concerto pour alto et orchestre écrit sur mesure et dédié à Tabea Zimmermann qui en assura la création en octobre 2016 au Palais de la Musique et des Congrès de Strasbourg avec l’Orchestre des Pays de la Loire dirigé par Pascal Rophé.Et le mercredi 17 mai, soliste et chef se sont retrouvés au Victoria Hall pour révéler au public cette nouvelle œuvre du compositeur genevois qui, dans la notice de présentation, affirme qu’il a voulu intégrer une dimension picturale en faisant référence à l’art d’Henri Michaux : « Les figures s’étirent, se démultiplient, se réfractent ou se resserrent, sortes de miroitements ; et les enchaînements sont quelquefois fondés sur des échos, des résonances, des bifurcations ou des oppositions brusques ». Sur un canevas orchestral empreint de mystère, l’alto livre d’abord d’anxieuses interrogations par des traits brefs qui deviennent acérés sous la véhémence de l’expression tragique ; l’utilisation des sons harmoniques instille une note d’étrangeté au dialogue qui s’établit avec percussion, trombones et tuba ; puis une longue séquence en pizzicato amène une stretta aux vrilles enivrantes que le solo lacère de zébrures rapides. Et le public médusé se laisse emporter par cette ivresse et fête tant l’altiste que l’auteur.
Pour encadrer cette découverte, Pascal Rophé, qui a été l’assistant de Pierre Boulez à l’Ensemble Intercontemporain, propose d’abord l’une des pages de jeunesse de Claude Debussy, Printemps, dans la version de 1908 remaniée avec l’aide d’Henri Büsser. Dans une volonté analytique, il recherche la transparence de texture pour disséquer au scalpel chacune des sections en laissant apparaître le flux mélodique qui s’enflera de stridences sans percevoir l’effervescence bachique qui devrait dynamiser cette renaissance printanière. Et le concert s’achève par le Petrouchka d’Igor Stravinsky dans la seconde version de 1947 si décriée par un Pierre Monteux, un Ernest Ansermet pour sa réorchestration lourde privilégiant les cuivres au détriment des bois. Et c’est cette mouture bêtement bruyante que nous inflige un Pascal Rophé besogneux…
Paul-André Demierre
Genève, Victoria Hall, le 17 mai 2017

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