Une interprétation vibrante de Gesualdo

par

Carlo GESUALDO (1566-1613)
Sacrarum Cantionum quinque vocibus, Liber primus (1603)
Odhecaton (chant, cornet, harpe, luth, théorbe) - Ensemble mare nostrum (violes) - Liuwe Tamminga (orgue) - Paolo da Col (dir.) - 2014 - DDD - 63’30’’ - Textes de présentation et paroles en anglais, français, italien et allemand - Ricercar (RIC 343)

Carlo Gesualdo a longtemps été connu pour ses madrigaux et sa musique profane. Ses Sacrarum Cantionum quinque vocibus ont été redécouverts récemment notamment par le Vocalconsort de Berlin qui en a enregistré le second livre en 2013. L’enregistrement présent du premier livre des chants sacrés de Gesualdo par les ensembles Odhecaton et Mare nostrum sous la direction de Paolo da Col, relève d’une interprétation intelligente et de haute qualité, notamment grâce aux recherches scientifiques de Cristina Cassia. Il a d’ailleurs eu lieu à l’Abbaye de la Trinité de Venosa, dans la province italienne des Pouilles, où fut probablement baptisé Carlo Gesualdo di Venosa. Les musiciens et chanteurs parviennent grâce à des modes d’exécution et des effectifs particuliers, à une restitution émouvante des compositions de Gesualdo. Ils relèvent tout le relief de ces chants sacrés qui s’inscrivent dans la musica reservata plutôt que dans la musique liturgique, Gesualdo s’écartant des obligations du maître de Chapelle de concevoir un ensemble uniforme. Dans une variété de combinaisons vocales et instrumentales, les interprètes reprennent ainsi avec brio les techniques musicales développées par le compositeur dans le but d’émouvoir l’auditeur : les mouvements chromatiques ascendants ou descendants, les tensions, les successions d’intervalles… Les 23 cantionum représentent musicalement les sentiments religieux habitant le compositeur au moment où il écrit, tels la pénitence, la rédemption et la douleur. Le spécialiste de musique ancienne Jérôme Lejeune, rappelle d’ailleurs à l’auditeur le contexte dans son très intéressant texte de présentation. Après avoir rappelé les éléments biographiques bien connus sur le compositeur qui tua sa femme et son amant, en plein exercice d’adultère, l’auteur relate chronologiquement les influences et relations musicales de Gesualdo. C’est à la fin de sa vie que ce dernier compose ses deux recueils de chants sacrés, alors qu’il s’est retiré avec sa seconde épouse au Palais de Gesualdo. C’est son humeur morose et sombre qui le conduit à écrire de la musique religieuse sur le culte marial et sur la Passion et la pénitence. Gesualdo adresse d’ailleurs la plupart de ses motets à la Vierge Marie, seule personne qu’il considère capable d’aider le pêcheur.
Les importantes recherches scientifiques et l’excellence des interprètes donnent lieu à cet enregistrement de haute qualité dont la couverture elle-même a été choisie pour la circonstance puisqu’elle montre le repentir du compositeur sur la mort de la jeune femme.
Félicie Lécrivain

Son 9 – Livret 9 – Répertoire 10 – Interprétation 9

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