Vivaldi au 21e siècle

par

Antonio Vivaldi (1678-1741)
Concertos n°7 à 12 op.3 – Concerto pour violoncelle en sol majeur, RV414 – Concerto pour violon et violoncelle en fa majeur, RV 544

Café Zimmermann
2013 – 75’30’’ – DDD – Texte de présentation en français et anglais – Outhere – Alpha193
Après six enregistrements consacrés à Jean-Sébastien Bach salués unanimement par la presse, le Café Zimmermann nous offre, sous la direction de Pablo Valetti et Céline Frish, une lecture innovante et éclairée du second livre de L’Estro Armonico de Vivaldi. Alors que ce dernier est ordonné prêtre en 1703, il devient maître de violon à l’Ospedale della Pietà. Institution vénitienne, la Piétà accueillait orphelins, nouveau-nés abandonnés, enfants illégitimes. Les jeunes-filles étaient alors réparties en deux groupes : l’un pour les tâches ménagères et l’autre pour un apprentissage sérieux et pointu de la musique. Si ces jeunes musiciennes démontraient un talent certain pour la musique, c‘est davantage sous l’impulsion de Vivaldi qu’elles développèrent une pratique instrumentale particulièrement fulgurante. En 1711, Vivaldi fait imprimer une première série de concertos. Sous le titre, L’Estro Armonico (L’Invention harmonique) où différents aspects du langage de Vivaldi se caractérisent très vite : forme fixe en trois mouvements, associations surprenantes pour le timbre, harmonies audacieuses et une virtuosité qui n’enlève à aucun moment le caractère profond et tragique de certaines parties. Mais après des centaines d’enregistrements consacrés à ce génie du genre concertant, est-il encore permis d’espérer une lecture innovante ? N’a t-on pas déjà fait assez le tour de ce répertoire ? La réponse est non. Café Zimmermann propose une lecture brillante de ces huit concertos (six de L’Estro Armonico, un pour violoncelle et un autre pour violon et violoncelle). Clavecin abouti pour Céline Frisch tandis que de belles sonorités se déploient dans chaque œuvre. Dans le Concerto en ré mineur de l’opus 3, le contrepoint et le rapport entre les voix sont éblouissants alors que le vibrato est contrôlé avec justesse. On appréciera également les dynamiques de ces musiciens qui ont l’habitude de jouer ensemble et sans chef. Dans le Concerto en fa majeur, le travail sera davantage accentué sur le legato et l’homogénéité. Pour chaque concerto (partition à l’appui), les dynamiques, nuances, contrastes et rythmes sont respectés. Chapeau bas pour la qualité du son des cordes et le travail sur la longueur des notes. Il se dégage de ces huit pièces une énergie foudroyante. Un moteur semble se mettre en marche dès les premières notes et aucune mesure ne perturbe le discours. Le Concerto pour violoncelle en sol majeur est l’occasion de découvrir le violoncelle dynamique pour le premier mouvement, plaintif pour le second et fougueux pour le troisième de Petr Skalka. Même précision d’attaque dans le Concerto pour violon et violoncelle en fa majeur.
Sorte de suite logique aux enregistrements de Bach (qui a lui même transposé pour clavecin six des douze concertos), Café Zimmermann développe une technique parfaite et une compréhension de l’œuvre qui rendent ce disque passionnant et accessible à tous. Les musiciens modèlent la structure de chaque concerto avec une intelligence remarquable et si ces pages semblent être connues de tous, on se surprend à redécouvrir un compositeur trop et très souvent mal joué.
Ayrton Desimpelaere

Son 10 – Livret 10 – Répertoire 10 – Interprétation 10

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