Volume 38 de l’intégrale des cantates par la J.S. Bach-Stiftung

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Bach Kantaten n°38. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Cantates Ach Gott, wie manches Herzeleid BWV 3 ; Erwünschtes Freudenlicht BWV 184 ; Nun danket alle Gott BWV 192. Gerlinde Sämann, Ulrike Hofbauer, Miriam Feuersinger, soprano. Jan Börner, altus. Margot Oitzinger, alto. Christian Rathgeber, Daniel Johannsen, ténor. Wolf Matthias Friedrich, Fabrice Hayoz, Manuel Walser, basse. Chœur et orchestre de la J.S. Bach-Stiftung, direction Rudolf Lutz. Mai 2010, février & avril 2021. Livret en allemand et anglais (paroles des cantates en allemand non traduit). TT 53’50. J.S. Bach-Stiftung n°38.

Simplex sigillum veri, les mêmes vertus de sobriété et d’humilité étayent ce nouveau volume de l’intégrale des cantates menée sous l’égide de la J.S. Bach-Stiftung de Saint Gall. Comme dans les précédents volumes, aucun lien apparent ne réunit ces trois opus, enregistrés live en 2010 (BWV 184) et au printemps de l’an passé. On y retrouve la fiabilité de Rudolf Lutz à la tête des forces maison, ainsi que des chanteurs habitués du projet.

Deux cantates furent initialement présentées en 1724-1725. Écrite pour le second dimanche après l’Épiphanie, l’instrumentation du Ach Gott, wie manches Herzeleid se distingue par le sombre adagio liminaire, avec son cantus firmus escorté par le trombone, par le duo accompagné par les hautbois d’amour, et le cor (manifestement pas utilisé dans cette session) doublant la ligne soprano dans le erhalt mein Herz im Glauben rein. Dans le livret du CD, un texte du Docteur Anselm Hartinger évoque d’ailleurs le « progressisme » de Bach en matière d’orchestration, exemples à l’appui. Un second texte interroge la notion de juste tempo. Probablement remaniée d’après une œuvre antérieure, peut-être profane ce qui expliquerait le ton pastoral, les gazouillis champêtres (elle requiert deux flûtes outre les cordes), et les élans chorégraphiques, la Erwünschtes Freudenlicht correspond au temps de Pentecôte et à la guidance du bon berger. Son format chambriste n’en invite pas moins quatre chanteurs, alors que deux suffisent à la Nun danket alle Gott plus largement instrumentée et faisant appel au chœur, en dépit de son extrême brièveté. Elle se fonde sur l’hymne luthérien de Martin Rinckart, et se caractérise par sa veine concertante et sa conclusion dansante sous guise de gigue. Dans cet enregistrement, la partie de ténor (égarée) utilise une reconstruction de Detlev Schulten.

Globalement, l’interprétation se distingue par sa finesse, la légèreté de son accompagnement, mais ne rayonne pas dans toute son envergure. La BWV 3 traîne souvent, particulièrement dans le Wie schwerlich lässt sich Fleisch und Blut et Wenn Sorgen auf mich dringen. Dans le BWV 184, on succombe aux voix souples et chaleureuses d’Ulrike Hofbauer et Margot Oitzinger dans le long duo Gesegnete Christen, glückselige Herde ; le chœur apparaît tant à l’aise dans la narration (Herr, ich hoff je) que dans les radieux horizons du Guter Hirte, qui relève ici d’une sereine confiance. Nervure délicate mais rythmée, lumineuse harmonie du chœur : la BWV 192 convainc et séduit par son bouquet parfumé et néanmoins dépouillé (un peu trop pour célébrer la louange ?), concluant un disque subsumé à la probité. On peut adhérer à la frugalité du ton, mais l’éloquence des trois œuvres semble un peu trop sacrifiée par les intentions de pureté qui émanent d’un collectif certes attachant.

Son : 8,5 – Livret : 9,5 – Répertoire : 9 – Interprétation : 8,5

Christophe Steyne

 

 

 

 

 

 

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