Volumes 36 & 37 de l’intégrale des cantates par la J.S. Bach-Stiftung

par

Bach Kantaten n°36. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Cantates Es ist ein trotzig und verzagt Ding BWV 176 ; Mein Gott, wie lang, ach lange BWV 155 ; Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort BWV 126. Monika Mauch, Julia Neumann, soprano. Terry Wey, Simon Savoy, altus. Margot Oitzinger, alto. Julius Pfeifer, Daniel Johannsen, ténor. Manuel Walser, Raphael Jud, Dominik Wörner, basse. Chœur et orchestre de la J.S. Bach-Stiftung, direction Rudolf Lutz. Janvier 2009, mai 2013, février 2019. Livret en allemand et anglais (paroles des cantates en allemand non traduit). TT 41’10. J.S. Bach-Stiftung n°36.

Bach Kantaten n°37. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Cantates Sie werden aus Saba alle kommen BWV 65 ; Ich geh und suche mit Verlangen BWV 49 ; Ach, lieben Christen, seid getrost BWV 114. Núria Rial, soprano. David Erler, altus. Georg Peplutz, ténor. Sebastian Noack, Wolf Matthias Friedrich, basse. Chœur et orchestre de la J.S. Bach-Stiftung, direction Rudolf Lutz. Octobre 2017, septembre 2018, janvier 2021. Livret en allemand et anglais (paroles des cantates en allemand non traduit). TT 64’59. J.S. Bach-Stiftung n°37.

Ces deux parutions poursuivent l’intégrale helvète des cantates de Bach, dont l’achèvement est prévu en 2027, malgré l’impact épidémique qui entraîna une année blanche en 2020. Le projet profita de cette pause pour chercher un nouveau lieu plus vaste que les petites églises où se déroulaient habituellement les concerts (Teufen, Trogen, Speicher…), afin de respecter les principes de distanciation sans renier la taille des effectifs choraux et instrumentaux. Le BWV 65 fut ainsi capté au Palais des Congrès (Olma Halle 2.0) de Saint-Gall, et bénéficie d’une agréable ampleur de perspective qui sied au large volume de la partition, avec cors et flûtes à bec. L’occasion pour Rudolf Lutz de diriger avec une baguette, et d’expliciter dans le livret du volume 37 ses considérations sur les lieux d’enregistrement et l’expérimentation en matière de disposition scénique. Le volume 36, lors la discussion avec Anselm Hartinger, évoque quant à lui les menaces qui pèsent sur notre monde et la dimension salvatrice dans l’univers de Bach. Rudolf Lutz, dont on apprécie toujours autant le langage clair et imagé, s’y voit comme « un jardinier responsable non seulement des magnifiques orangers mais aussi des herbes médicinales qui, en dose adéquate, exercent un immense pouvoir de guérison ». Une vertu vulnéraire que l’excellence artistique et la consolation musicale « rendent toujours d’actualité dans nos sociétés d’aujourd’hui ».

Outre l’intéressante présentation des œuvres, deux autres textes de la notice se focalisent sur des aspects reliés aux cantates : un portrait du trompettiste virtuose Johann Gottfried Reiche (1667-1734) en lien avec les traits exigés dans l’introduction du BWV 126, et une présentation du Chant de Salomon en lien avec la nuptialité transcendée du Ich geh und suche mit Verlangen. À l’instar des précédents volumes, chaque disque (un peu court pour le n°36) est constitué sans unité, ni thématique ni chronologique ni liturgique. Le premier nous mène de la Trinité à la Sexagésime, le second de l’Épiphanie au dix-septième dimanche après Trinité. En chaque programme, une cantate de solistes vocaux (BWV 155 et 49) sépare les deux autres avec chœur.

L’auditeur glanera maintes satisfactions : le fondu de Monika Mauch dans dein sonst hell beliebter schein, le délicat duo Margot Oitzinger & Julius Pfeifer dans le du must glauben, du must hoffen soutenu par le basson de Donna Agrell, la vaillance du chœur dans Erhalt uns, Herr, bei deinem Wort, la fulgurance de l’orchestre dans stürze zu Boden (malgré un Dominik Wörner pas au mieux de son éloquence), Sebastian Noack à l’aise dans le Gold aus Ophir ist zu schlecht (malgré les hautbois un peu pâles), le Nimm mich dir zu eigen hin fleuri par Georg Poplutz qui épure aussi un limpide wo wird in diesem Jammertale. Saluons encore l’orgue volubile de Jörg Andreas Bötticher dans le BWV 49 que réchauffe le timbre corsé de Nuria Rial. Comme d’habitude, le neutre accompagnement guidé par Rudolf Lutz relève d’une impeccable probité. L’interprétation n’est pas des plus typées (le BWV 114 semble parfois déserté) mais témoigne globalement d’un artisanat et d’une connivence avec l’esprit des œuvres que l’on ne saurait prendre en défaut.

Vol 36 & 37 : Son : 8 – Livret : 9,5 – Répertoire : 9 – Interprétation : 9

Christophe Steyne

 

 

 

 

 

Vos commentaires

Vous devriez utiliser le HTML:
<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.